Les pertes abyssales d'OpenAI, le big bang sur Android, les illusions de Neo

Et aussi: Les ambitions de Qwant – Le tournant IA de l'industrie du disque

Cafétech
5 min ⋅ 07/11/2025

Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.

Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

OpenAI affiche des pertes record de 12 milliards de dollars en trois mois

Moins de deux ans après son lancement, le Vision Pro a quasiment disparu des communications d’Apple. Et pour cause: le premier casque de réalité mixte de la marque à la pomme est un double échec. Non seulement ses ventes sont restées confidentielles, freinées par un prix exorbitant, mais il n’a pas non plus suscité l’élan d’enthousiasme espéré pour commencer à imposer une nouvelle plateforme, “l’informatique spatiale”, censée succéder un jour aux smartphones et aux ordinateurs.

Plus de douze milliards de dollars envolés en seulement trois mois. Les pertes abyssales accusées par OpenAI au troisième trimestre ne sont pas seulement inédites pour une start-up, symbole des ambitions vertigineuses de son patron Sam Altman, lancé dans une course effrénée vers une super-intelligence. C’est aussi le plus lourd déficit jamais enregistré par une entreprise américaine – hors pertes “comptables” liées à des dépréciations d’actifs ou à des charges fiscales exceptionnelles.

Le creusement des pertes est spectaculaire: sur l’ensemble de l’année dernière, elles s’étaient élevées à cinq milliards de dollars. Cela correspond à une nouvelle phase de développement du créateur de ChatGPT, qui multiplie les contrats colossaux afin d’acquérir la puissance de calcul nécessaire pour entraîner et faire tourner ses modèles d’intelligence artificielle générative. “C’est un pari qui comporte une part de risques”, reconnaît Sam Altman, interrogé ce week-end dans un podcast.

Chiffre camouflé jusqu’à présent

N’étant pas cotée en Bourse, OpenAI ne publie pas ses résultats financiers. Mais ses pertes peuvent être évaluées à partir des comptes de Microsoft, son principal actionnaire. Le groupe est en effet tenu d’inscrire le déficit de la start-up dans son bilan, au prorata de sa participation. Jusqu’à présent, il avait camouflé ce chiffre dans une catégorie “autres”, sans en mentionner l’origine, ni attirer l’attention en raison d’un montant relativement marginal face au reste de ses activités.

Dans ses comptes du troisième trimestre (qui correspond au premier trimestre de son exercice 2026), Microsoft a détaillé pour la première fois l’impact de sa participation dans OpenAI: une perte de 4,1 milliards de dollars avant impôts. Interrogée sur le sujet, sa directrice financière Amy Hood a confirmé que ce chiffre reflète exclusivement le déficit de la start-up, sans inclure d’éventuelles charges exceptionnelles inscrites par Microsoft, par exemple liées à la restructuration d’OpenAI.

Près de 20 milliards de pertes en 2025

La semaine dernière, le groupe de Redmond a aussi précisé la part exacte qu’il détient dans le capital de son partenaire: 32,5% avant la restructuration – et désormais 27% après un nouvel investissement du conglomérat japonais SoftBank. En se basant sur ces données, les pertes totales d’OpenAI ressortent entre 12,5 et 12,8 milliards de dollars au troisième trimestre. Elles peuvent être estimées à environ cinq milliards entre avril et juin et à deux milliards entre janvier et mars.

À la différence du troisième trimestre, ces deux chiffres restent des estimations, car la part exacte du capital détenue par Microsoft à ces dates, tout comme la contribution d’OpenAI aux pertes regroupées dans la catégorie “autres”, ne peuvent être établies qu’approximativement. Néanmoins, en appliquant les mêmes hypothèses, nous retombons bien sur une perte de cinq milliards de dollars pour l’année 2024, conforme aux chiffres obtenus par plusieurs médias américains.

Encore plus de pertes avec Sora ?

La perte issue des comptes de Microsoft comporte toutefois une inconnue. On ignore si elle inclut des charges comptables exceptionnelles du côté d’OpenAI, ce qui pourrait expliquer sa forte hausse entre le deuxième et le troisième trimestre. Celles-ci pourraient être liées à la signature d’un contrat à 300 milliards de dollars avec Oracle, ou encore au changement de statut juridique. Le déficit accumulé au quatrième trimestre devrait permettre d’y voir plus clair sur la situation financière d’OpenAI.

Quoi qu’il en soit, la tendance est nette: ses pertes ne cessent de s’alourdir. Une conséquence directe de son succès. Plus ChatGPT gagne en popularité – le chatbot compte plus de 800 millions d’utilisateurs par semaine –, plus les coûts d’inférence augmentent, bien au-delà des recettes tirées des abonnements payants. Et le lancement de Sora, une plateforme inspirée de TikTok qui permet de créer et partager des vidéos générées par l’IA, risque de creuser encore davantage le déficit.


| UN MESSAGE DE RAMIFY |

Avec le PER Ramify, préparez votre retraite tout en réduisant vos impôts

Tout juste élu Meilleur PER 2025 par Le Particulier, le Plan d’Épargne Retraite Ramify vous permet de préparer sereinement votre avenir tout en diminuant vos impôts.

Grâce à sa gestion pilotée haut de gamme et sa diversification sur plusieurs classes d’actifs, Ramify conjugue performance et simplicité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: jusqu’à +27,1% de rendement en 2024 pour le PER 100% actions.

Vous bénéficiez d’un portefeuille construit et suivi par des experts, intégrant fonds euros, actions, immobilier et private equity, pour maximiser vos performances tout en maîtrisant les risques. Plus besoin de tout gérer vous-même, le PER Ramify s’occupe de tout.

Et en ce moment, la solution devient encore plus attractive: six mois de frais de gestion offerts (jusqu’à 500 euros) pour toute ouverture d’un PER Ramify avant le 19 décembre 2025.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.


| EN BREF |

Après sa défaite face à Epic, Google baisse ses commissions sur Android

“Une proposition formidable”. Après des années de bataille judiciaire, Tim Sweeney a définitivement fait plier Google. Mercredi, le moteur de recherche a officialisé un accord à l’amiable avec Epic Games, l’éditeur du populaire jeu vidéo Fortnite. Il s’engage notamment à faciliter l’installation de boutiques tierces d’applications sur son système Android et à réduire les commissions prélevées sur les achats et abonnements. Un arrangement qui accroît la pression sur Apple, toujours en conflit avec Epic.

Sur certains points, cet accord, qui doit encore être validé par le juge chargé du dossier, va encore plus loin que les mesures correctives imposées l’an passé. Il s’étendra jusqu’en 2032, bien au-delà des trois années initialement prévues. Et il s’appliquera, au moins en partie, à l’échelle mondiale, et non plus seulement aux États-Unis. Le géant de Mountain View conserve toutefois l’essentiel: des commissions pouvant être comprises entre 9% et 25%, pas si éloignées des taux actuels de 15% et 30%.


La start-up 1X lance un robot domestique… entièrement contrôlé à distance

Sur le grand tableau blanc installé dans la cuisine commune, une multitude d’équations mathématiques, indéchiffrables pour le profane, a été griffonnée. Le décor est immédiatement planté. Dans ces bureaux sans grands artifices d’un espace de coworking parisien, bien loin des standards copiés de la Silicon Valley, ce n’est pas une start-up de plus qui rêve de révolutionner l’intelligence artificielle générative, mais un véritable laboratoire de recherche.

Bienvenue chez Kyutai, l’un des fleurons français de l’IA. Ici, une vingtaine de chercheurs et doctorants ne développent pas des services destinés à rivaliser avec ceux d’OpenAI, Google ou Mistral AI. Leur mission: concevoir des modèles de fondation pour faire progresser l’état de l’art, “sans être guidés par des intérêts commerciaux”, souligne Patrick Pérez, le directeur général. En deux ans d’existence, le laboratoire a déjà signé plusieurs avancées remarquées.


Racheté par Octave Klaba, Qwant mise sur l’IA pour se réinventer

Olivier Abecassis l’assure: Qwant est aujourd’hui “viable”. Deux ans après son rachat par Octave Klaba, le fondateur d’OVH, le moteur de recherche français n’est pas encore rentable. “Mais il est financé par un actionnaire qui peut désormais espérer un retour sur investissement”, explique son nouveau patron, arrivé en juin 2023. Un tournant pour une société autrefois à l’agonie financière, qui n’a échappé au dépôt de bilan que grâce à un rééchelonnement de sa dette.

Paradoxalement, l’avenir du “Google français” ne passe plus principalement par la recherche en ligne, un marché sur lequel ses perspectives de croissance sont limitées, mais par l’intelligence artificielle générative. Avec le moteur allemand Ecosia, l’entreprise construit en effet son propre index de recherche. Dès l’année prochaine, elle prévoit de le commercialiser auprès des sociétés ayant besoin de données pour entraîner leurs modèles d’IA. 


Pourquoi l’accord entre Universal Music et Udio marque un tournant

C’est une première pour l’industrie du disque. La semaine dernière, Universal Music a annoncé un partenariat avec la start-up Udio, spécialisée dans la génération de chansons par intelligence artificielle. L’accord dépasse le simple cadre d’une licence pour entraîner des modèles audio: les deux entreprises lanceront l’an prochain un service payant permettant de créer, écouter et partager des titres générés par l’IA, tout en garantissant une rémunération aux artistes.

Cette alliance historique s’accompagne du règlement à l’amiable de la plainte déposée par la maison de disques représentant Taylor Swift, Drake, Adele, Elton John ou encore U2. Elle ne signifie pas pour autant la fin des démêlés judiciaires pour la start-up, qui reste poursuivie par Warner et Sony, les deux autres majors du secteur. Par ailleurs, Universal maintient sa plainte contre Suno, le principal rival d’Udio. Mais des accords à l’amiable peuvent aussi être envisagés dans ces affaires.


| ET AUSSI |

>> Google souhaite déployer des data centers dans l’espace

>> Les géants de la tech augmentent encore leurs investissements dans l’IA

>> Le gouvernement français demande le blocage de Shein

>> OpenAI signe un contrat cloud avec Amazon


Crédit photos: OpenAI - Unsplash / Mika Baumeister

Cafétech

Cafétech

Par Jérôme Marin

Les derniers articles publiés