Et aussi: Paramount défie Netflix – L'Australie interdit les réseaux sociaux aux moins de 16 ans
Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.
Bonne lecture et bon week-end.
En 2021, Facebook s’était rebaptisé Meta pour symboliser son virage des réseaux sociaux vers le métavers. À peine quatre ans plus tard, cette nouvelle identité paraît déjà dépassée. Non seulement ce monde virtuel censé devenir la prochaine plateforme dominante ne s’est jamais imposé, contrairement aux prédictions de Mark Zuckerberg, mais les priorités ont aussi basculé. La stratégie se focalise désormais principalement sur l’intelligence artificielle générative, un domaine dans lequel le géant de Menlo Park est à la traîne.
Si toutes les ambitions dans le métavers n’ont pas (encore ?) été abandonnées, Meta commence néanmoins à réduire la voilure. “Nous réorientons une partie de nos investissements vers les lunettes et appareils d’IA compte tenu de la dynamique de ce segment”, a confirmé la semaine dernière la société. Selon l’agence Bloomberg, le budget alloué à la division dédiée au métavers pourrait ainsi être abaissé jusqu’à 30% en 2026. Entre 10% et 30% des employés pourraient également être licenciés en janvier, ajoute le New York Times.
Persuadé du potentiel du métavers, Mark Zuckerberg a commencé par racheter le fabricant de casque de réalité virtuelle Oculus en 2014, pour deux milliards de dollars. Avant d’accélérer considérablement les investissements avec la création, cinq ans plus tard, du Reality Labs. Depuis 2021, cette division a ainsi accumulé plus de 70 milliards de dollars de pertes. Toutes ces dépenses ne sont toutefois pas exclusivement liées au métavers: le Reality Labs travaille également sur d’autres projets, comme les lunettes connectées.
Ces investissements colossaux reflètent les ambitions du fondateur de Facebook, qui ne se limitent pas seulement à la partie logicielle, à l’image de son espace virtuel Horizon Worlds. Il souhaite aussi concevoir le matériel qui doit permettre d’accéder au métavers, comme les casques de réalité mixte. Malgré les sommes investies, les progrès n’ont pas été aussi rapides qu’espéré. Sur le plan matériel, les appareils de Meta sont bien à la pointe du marché, mais restent un produit de niche, encore loin d’une adoption par le grand public.
La situation est encore plus critique côté logiciel. Pendant longtemps, l’illustration du métavers rêvé par Mark Zuckerberg se résumait aux avatars au style cartoon un peu grotesque d’Horizon Worlds. Et surtout absolument pas immersifs, alors que Meta cherche à créer un nouveau type d’interaction humaine. Fin 2022, la plateforme comptait environ 200.000 utilisateurs, selon des chiffres publiés à l’époque par le Wall Street Journal. Il y a deux ans, la société a présenté un projet d’avatars photoréalistes, mais celui-ci reste à concrétiser.
Malgré les doutes des employés, affectés par plusieurs plans sociaux, et ceux des investisseurs de Wall Street, Mark Zuckerberg a maintenu le cap… jusqu’à l’irruption de l’IA générative. Depuis, le dirigeant n’évoque quasiment plus le métavers. Fin octobre, lors de la conférence avec les analystes organisée en marge de la publication des résultats financiers, le mot n’a pas été prononcé une seule fois. En revanche, le patron de Meta s’est impliqué personnellement dans le recrutement des membres de sa nouvelle équipe de recherche en IA.
Ces derniers mois, la société a opéré un virage massif vers l’IA. Elle s’est lancée dans le développement de grands modèles de langage, pour rivaliser avec OpenAI ou Google. Elle commence également à déployer de nouveaux outils sur ses services. Surtout, elle investit massivement dans ses infrastructures, notamment pour l’achat de cartes graphiques. Mais ces dépenses commencent sérieusement à inquiéter Wall Street. Réduire le budget consacré au métavers peut ainsi être interprété comme une manière de rassurer les investisseurs.
Parallèlement, l’IA a ouvert de nouvelles opportunités pour le Reality Labs, au détriment du métavers. Depuis l’intégration d’un assistant vocal, les lunettes connectées Ray-Ban Meta rencontrent en effet un succès commercial inattendu. Meta prévoit désormais d’accélérer dans cette direction. En septembre, un premier modèle équipé d’un petit écran sur le verre droit a été lancé aux États-Unis. Et le groupe espère commercialiser de véritables lunettes de réalité augmentée, connues sous le nom de code Orion, d’ici 2027.
Pour aller plus loin:
– Meta dévoile ses premières lunettes de réalité augmentée
– Apple délaisse le Vision Pro pour miser sur les lunettes connectées
“Tous les investisseurs sérieux sont partis en courant”. Le constat d’un ancien employé résume à lui seul la lente agonie d’Ynsect. Faute d’avoir pu trouver les fonds nécessaires pour financer son plan de relance, la start-up spécialisée dans l’élevage de vers de farine a été placée la semaine dernière en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce d’Évry. Selon nos informations, son sort ne s’est joué qu’à dix petits millions d’euros... Un comble pour une entreprise qui a englouti plus de 650 millions en moins de quinze ans.
Échec d’un ambitieux projet ou véritable gabegie financière nourrie d’argent public ? Par son ampleur, l’histoire d’Ynsect est inédite dans la French Tech. Pour certains, elle illustre les défis colossaux auxquels se heurtent les start-up industrielles. Pour d’autres, elle incarne les dérives d’un modèle de financement, en partie alimenté par l’argent public de Bpifrance. Pour réaliser l’autopsie de cette chute, Cafétech s’est entretenu avec d’anciens dirigeants et salariés. Et a passé au crible dix années de bilans comptables et de documents juridiques.
Dans un dossier politiquement explosif, Bruxelles a pris son temps avant de sévir. Vendredi, quasiment deux ans jour pour jour après l’ouverture d’une enquête formelle, la Commission européenne a infligé une amende de 120 millions d’euros à X, condamné pour ne pas avoir respecté le Digital Services Act (DSA). Il s’agit de la toute première sanction prononcée dans le cadre de cette nouvelle réglementation, entrée en vigueur à l’été 2023 et qui impose de nouvelles obligations aux grandes plateformes Internet.
Cette amende a provoqué de vives réactions aux États-Unis. De la part d’Elon Musk, propriétaire du réseau social, qui a appelé à l’abolition de l’Union européenne. Mais aussi plusieurs responsables de l’administration Trump, comme le secrétaire d’État Marco Rubio. Après avoir lourdement sanctionné Google début septembre pour abus de position dominante, la Commission montre une nouvelle fois qu’elle ne se laisse pas intimider par les pressions américaines, malgré un contexte de négociations commerciales déjà particulièrement tendu.
Paramount ne jette pas l’éponge. Lundi, le groupe de médias a lancé une offre hostile pour racheter son concurrent Warner Bros Discovery, qui a accepté la semaine dernière de vendre la majorité de ses actifs à Netflix pour 83 milliards de dollars. Pour espérer emporter la mise, il propose un prix supérieur, sur le papier du moins, et met en avant une probabilité plus élevée d’obtenir l’aval des autorités. Son patron sous-entend même qu’il pourrait revoir son offre à la hausse, ouvrant la voie à une possible surenchère avec Netflix.
Concrètement, Paramount propose 30 dollars par action, entièrement en numéraire. C’est légèrement plus que l’offre de Netflix, qui s’élève à 27,75 dollars, dont 4,50 dollars en actions. Mais le périmètre diffère. La plateforme de streaming vise uniquement les activités cinéma et streaming de WBD, alors que Paramount souhaite également reprendre les chaînes de télévision linéaires. Il est donc difficile de déterminer laquelle des deux propositions est véritablement la plus intéressante pour les actionnaires de l’entreprise.
C’est une première mondiale scrutée de près, en particulier en Europe. Depuis quelques heures, les adolescents australiens de moins de 16 ans n’ont légalement plus le droit d’accéder aux dix principales plateformes sociales. Exit TikTok, Instagram, Snapchat, Reddit ou encore X. Mais aussi Twitch et YouTube – mais pas YouTube Kids. “Les réseaux sociaux font beaucoup de mal aux enfants”, justifie le premier ministre Anthony Albanese, soutenu dans cette initiative par les deux principaux partis politiques du pays.
Sur le papier, la législation est stricte. Elle ne prévoit aucune exception, pas même en cas d’accord parental. Elle s’applique également aux comptes déjà ouverts, qui doivent être fermés. Aucune sanction n’est toutefois prévue pour les adolescents qui contournent l’interdiction, ni pour leurs parents. La responsabilité repose entièrement sur les plateformes, qui doivent mettre en place des “mesures raisonnables” pour empêcher l’accès, sous peine de d’amendes pouvant atteindre 50 millions de dollars australiens (29 millions d’euros).
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Crédit photos: Meta - Ynsect