Et aussi: Ynsect respire (un peu) – Klarna repousse son IPO
Ce samedi, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.
Cafétech fait une pause la semaine prochaine. Prochaine édition mardi 22 avril.
Bonne lecture et bon week-end.
C’est le moment de vérité pour Mark Zuckerberg. Celui qui explique en partie pourquoi il a fait allégeance de manière aussi éhontée à Donald Trump. Lundi, Meta retrouve la Federal Trade Commission (FTC) devant un tribunal de Washington. En jeu: un possible démantèlement de la maison mère de Facebook. Le gendarme américain de la concurrence réclame en effet la vente d’Instagram et de WhatsApp, pourtant achetés il y a plus de dix ans. Ces derniers mois, et encore ces derniers jours, le milliardaire a multiplié les efforts auprès du nouveau locataire de la Maison Blanche pour obtenir l’abandon des poursuites. Sans réussite pour le moment. Mais un accord à l’amiable reste possible au cours des cinq prochaines semaines d’audience, voire même après le verdict, lors de la procédure d’appel si la société est condamnée.
“Killer acquisitions”- Ce procès est l’aboutissement d’une longue procédure déclenchée fin 2020, dans les dernières semaines de la première administration Trump. Elle tourne autour de l’acquisition d’Instagram en 2012 pour un milliard de dollars, et de WhatsApp deux ans plus tard pour 19 milliards. À l’époque, la FTC avait pourtant validé ces deux opérations. Soutenue par une quarantaine d’États américains, elle estime désormais que ces rachats sont des “killer acquisitions”, uniquement motivés par la volonté de mettre la main sur des rivaux avant qu’ils ne deviennent trop menaçants. Le régulateur juge ainsi qu’ils ont été préjudiciables pour les consommateurs, en cadenassant le marché des réseaux sociaux et de la messagerie. Et en permettant à Facebook, depuis rebaptisé Meta, d’imposer davantage de publicités et moins de protection de la vie privée.
Définition du marché – Le groupe de Menlo Park met, lui, en avant les “milliards de dollars d’investissement” à l’origine du succès d’Instagram et WhatsApp. “Nous avons rendu les applications plus performantes, plus fiables et plus sécurisées”, au bénéfice des consommateurs, explique-t-il. Meta appuie par ailleurs sur la principale faille du dossier présenté par la FTC: la définition du marché. Cette procédure très technique est cruciale dans les affaires antitrust. La société estime que le périmètre retenu par le gendarme de la concurrence est trop restreint, ne prenant pas en compte TikTok, YouTube ou X, avec lesquelles elle est également en compétition. Elle souligne enfin que les deux rachats ont déjà été validés par la FTC – même si sa mésaventure avec Giphy a prouvé qu’un géant de la tech pouvait être forcé à revendre une entreprise.
“Fort à faire” – La partie est loin d’être gagnée pour la FTC. Depuis quatre ans, le juge chargé du dossier n’a en effet cessé de se montrer dubitatif. En 2021, il avait rejeté les deux premières plaintes déposées par le régulateur, l’obligeant donc à revoir sa copie. À plusieurs reprises, il a depuis répété que celui-ci “aura fort à faire pour prouver ses allégations pendant un procès”. Ou encore que “ses positions poussent jusqu’à leurs limites des jurisprudences déjà fragiles”. Malgré ces déclarations plutôt favorables, Meta voulait absolument échapper à un procès très médiatisé, pour éviter que Mark Zuckerberg ne soit appelé à la barre et pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles. Ses efforts auprès de Donald Trump se sont cependant heurtés à une réalité: l'entreprise reste une cible de choix dans le camp du président américain.
Pour aller plus loin:
– Face aux Gafa, l’administration Trump montre les muscles
– Pourquoi Facebook revend Giphy à prix bradé
À première vue, les chiffres semblent très positifs, témoignant d’un rebond tant espéré des levées de fonds. Au premier trimestre, les start-up mondiales ont recueilli 121 milliards de dollars (110 milliards d’euros), selon les décomptes du cabinet CB Insights. C’est presque deux fois plus que l’an passé. Et la meilleure performance trimestrielle depuis le printemps 2022 – derniers instants de la période d’euphorie post-Covid qui a été suivie par une chute brutale, précipitée par le resserrement des politiques monétaires pour lutter contre l’inflation. En réalité cependant, cette bonne santé apparente, qui avait commencé à se matérialiser fin 2024, n’est qu’un trompe-l’œil. Elle est surtout dopée par quelques gigantesques tours de table dans l’intelligence artificielle générative, à l’image de celui annoncé il y a dix jours par OpenAI.
L’avenir de TikTok aux États-Unis reste toujours incertain. Vendredi, Donald Trump a accordé un délai supplémentaire de 75 jours à l’application de courtes vidéos, menacée d’interdiction par une loi votée l’an passé par le Congrès – mais dont l’entrée en vigueur a été repoussée en janvier. Pourtant, une “solution” était sur le point d’aboutir, avant la date limite fixée à samedi. Mais ce projet a été bloqué à la dernière minute par le gouvernement chinois, qui a justifié son refus par les droits de douane additionnels annoncés la semaine dernière par le président américain. S’il semble aux commandes, celui-ci est en réalité politiquement pris au piège, car il a promis d’éviter la fermeture d’une plateforme qui compte 170 millions d’utilisateurs américains. Quitte à proposer à Pékin un assouplissement des droits de douane.
Menacé de liquidation judiciaire, Ynsect n’a pas trouvé le repreneur tant espéré. Mais le spécialiste de l’élevage de vers de farine s’est offert un sursis. Lundi, il a indiqué avoir reçu dix millions d’euros de la part de ses “actionnaires historiques” – qui ont préféré remettre au pot pour conserver un petit espoir de ne pas tout perdre. Cette somme doit permettre à la start-up de poursuivre son activité… mais seulement “pendant plusieurs mois”. Compte tenu de ses pertes et de son endettement, son avenir ne passe en effet que par une reprise. Pour le moment, personne ne s’est montré intéressé. Tout juste “une marque d’intérêt” s’est manifestée pour son usine de Dole, dans le Jura. Ynsect semble donc dans une impasse précipitée par des ambitions démesurées, une gestion financière hasardeuse et plusieurs revirements stratégiques.
Klarna attendra avant d’entrer en Bourse. Comme d’autres prétendants aux marchés, le spécialiste suédois du “achetez maintenant, payez plus tard” a préféré repousser son projet d’introduction. Le contexte boursier est en effet particulièrement difficile. En outre, une possible récession pourrait négativement impacter la croissance des prêts accordés par la société. Depuis mi-février, l’action de sa grande rivale américaine Affirm a ainsi perdu plus de la moitié de sa valeur. Pour Klarna, il est donc plus prudent de patienter, en espérant un climat plus favorable au cours des prochains mois. Elle vise une capitalisation boursière de 15 milliards de dollars. Pour séduire les investisseurs, elle compte sur l’amélioration de ses performances opérationnelles. En 2024, Klarna a en effet renoué avec les profits après des années de très lourdes pertes.
Photos: Meta - UK Government - Unsplash / Claudio Schwarz