La marche arrière d'OpenAI, l'IA teste le RGPD, la revanche de Tim Sweeney

Et aussi: Amazon lance ses satellites - Meta et Google, victimes de Temu ?

Cafétech
4 min ⋅ 09/05/2025

DERNIERE MINUTE: OpenAI a officialisé jeudi la nomination de la Française Fidji Simo au poste de directrice générale “chargée des applications”. Elle supervisera notamment le développement commercial du concepteur de ChatGPT. Retrouvez notre analyse sur cette annonce lundi matin dans Cafétech.

Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

Pourquoi OpenAI renonce à abandonner sa structure à but non lucratif

Pressé par le temps, OpenAI préfère faire marche arrière. Lundi, le concepteur de ChatGPT a annoncé qu’il renonçait à abandonner sa structure juridique hybride. Il restera donc officiellement contrôlé par une organisation à but non lucratif – dont le niveau d’indépendance a cependant été largement remis en cause depuis la tentative ratée d’éviction de Sam Altman fin 2023. Il va seulement modifier le statut de sa société commerciale, pour l’autoriser à redistribuer ses profits comme elle le souhaite. Selon son patron, ce changement sera suffisant pour respecter les engagements pris auprès de ses investisseurs. Cela devrait notamment permettre à OpenAI de toucher les 20 milliards de dollars promis pour la fin d’année par Softbank. Puis de mener d’autres levées de fonds afin d’atteindre son objectif d’intelligence artificielle générale, c’est-à-dire capable d’apprendre seule.

Profits pour Microsoft – Au départ, OpenAI est un laboratoire de recherche, soutenu par de grands noms de la Silicon Valley pour développer une IA devant bénéficier à l’humanité sans être dictée par une logique de profit. En 2019, devant la nécessité de trouver des fonds, une nouvelle entité est cependant créée: une filiale à “but lucratif plafonné”, dans laquelle Microsoft a depuis injecté près de quatorze milliards de dollars. En contrepartie, OpenAI s’est engagé à lui reverser une grande partie de ses profits. Quasiment tout le reste doit revenir à la fondation caritative. Cette répartition rendait impossible l’arrivée de nouveaux investisseurs, qui n’auraient eu aucun moyen de générer des plus-values. Et elle compliquait grandement une potentielle introduction en Bourse. C’est pour cela que la start-up souhaitait devenir une “entreprise normale”.

“Public benefit corporation” – Pour OpenAI, cela devait signifier deux choses. D’une part, abandonner le contrôle par sa branche caritative, qui aurait été dédommagée en récupérant une partie du capital – et donc d’importantes ressources. D’autre part, transformer sa filiale commerciale en “public benefit corporation”, une entreprise à but lucratif qui œuvre pour le bien de la société. La start-up va devoir se contenter du second objectif. “Cela aurait été plus simple si nous étions une société tout à fait classique”, reconnaît Sam Altman. Mais il assure que ce nouveau statut “dépasse largement ce qui est nécessaire pour pouvoir lever des fonds”. Déjà adopté par Anthropic, celui-ci lui permet aussi de ne pas totalement renier sa mission d’origine: OpenAI n’aura pas pour unique obligation légale de maximiser la création de valeur pour ses actionnaires.

Plainte d’Elon Musk – Les projets initiaux de Sam Altman se sont heurtés aux interrogations des autorités du Delaware et de Californie. Ils étaient aussi au cœur d’une plainte déposée par Elon Musk, l’un de ses fondateurs. Le milliardaire avait encore compliqué les choses en soumettant une offre de rachat pour l’organisation à but non lucratif. Or, le temps presse. OpenAI doit mener son changement de structure juridique avant la fin de l’année. Faute de quoi, l’entreprise devra rembourser les 6,5 milliards de dollars levés fin 2024. Et elle ne récupérera pas les 20 milliards supplémentaires promis par le conglomérat japonais Softbank. Pour toucher au but, OpenAI donc encore régler deux éléments: négocier avec Microsoft, avec lequel les relations ne sont plus au beau fixe, et déterminer la part du capital qui reviendra à sa branche caritative.

Pour aller plus loin:
– Avec Stargate, OpenAI promet d’investir 500 milliards de dollars dans l’IA
– Comment OpenAI s’adapte aux avancées de DeepSeek


| UN MESSAGE D’APRR |

Derrière le flux libre, des données bien gardées

Derrière la simplicité du péage en flux libre se cache une technologie de pointe… et une gestion rigoureuse de vos données !

À chaque passage sous un portique, des capteurs détectent votre plaque d’immatriculation et le type de véhicule pour calculer le montant du péage en toute fluidité. Ces informations sont transmises via une connexion sécurisée vers des serveurs situés en France, et utilisées uniquement pour la facturation.

Conformément au RGPD, vos données sont conservées pour une durée maximale de treize mois après le paiement. À tout moment, vous pouvez consulter, corriger ou demander la suppression de vos données


| EN BREF |

Comment l'intelligence artificielle générative teste les limites du RGPD

Décidément, Meta aime jouer avec le feu. Déjà lourdement sanctionné pour ne pas avoir respecté Règlement général sur la protection des données (RGPD), le géant de Menlo Park prend un nouveau risque – qui pourrait se transformer en importante amende. À partir du 27 mai, il va en effet utiliser les messages et les commentaires publiés en Europe sur Facebook et Instagram – mais pas les messages privés – pour “entraîner et améliorer” ses modèles d’intelligence artificielle générative. Surtout, il ne prévoit pas de demander le consentement de ses utilisateurs. Pour justifier cette volte-face, Meta s’appuie sur un avis rendu fin 2024 par les Cnils européennes. Mais son interprétation est contestée. Mardi, l’agence de protection des consommateurs de la Rhénanie du Nord-Westphalie, la région allemande la plus peuplée, lui a ainsi adressé une mise en demeure.


Comment Tim Sweeney a vaincu Apple et Google

“Game over pour la taxe Apple”. Tim Sweeney peut savourer sa revanche. À l’été 2020, beaucoup l’avaient rapidement tourné en ridicule. Le patron d’Epic Games, l’éditeur du très populaire jeu vidéo Fortnite, venait alors d’attaquer frontalement le groupe à la pomme, mais aussi Google, dénonçant les commissions prélevées sur les applications mobiles. Face à ces deux mastodontes, le combat semblait perdu d’avance. Cinq ans plus tard, la justice américaine vient cependant de lui offrir une victoire majeure, ordonnant à Apple de ne plus imposer de restrictions sur le steering (redirection des utilisateurs d’une application vers un site Internet) et de ne plus récupérer un pourcentage sur les achats réalisés de cette manière. Fin 2023, Tim Sweeney avait déjà triomphé face à Google aux États-Unis, même si l’affaire se poursuit. Et il touche aussi au but en Europe.


Amazon lance (enfin) ses premiers satellites pour rivaliser avec SpaceX

Il aura fallu six ans à Amazon pour déployer les premiers minisatellites de son ambitieux projet Kuiper. La semaine dernière, le géant américain du commerce en ligne a placé en orbite 27 appareils de sa future constellation, qui vise à fournir un accès à Internet à très haut débit. Et donc à rivaliser avec l’offre Starlink de SpaceX, opérationnelle depuis 2021 et qui compte déjà plus de cinq millions d’abonnés dans le monde. Pour rattraper son retard, il prévoit de multiplier les lancements au cours des prochains mois. Une obligation aussi pour tenir les engagements pris devant la FCC, le gendarme américain des télécoms. Le calendrier s’annonce cependant très serré, car la société ne contrôle pas le rythme des lancements, assurés par des partenaires. Elle va aussi devoir multiplier par quatre les cadences de production de ses satellites, rapporte Bloomberg.


Meta, Google et X, victimes collatérales des droits de douane sur Temu et Shein

Une seule campagne publicitaire menée sur les différentes plateformes de Meta. Aux États-Unis, Temu ne fait pas dans la demi-mesure après la fin, officielle depuis vendredi, de l’exemption douanière dite “de minimis”. Ce changement ne va pas seulement handicaper le spécialiste chinois du commerce en ligne, qui voit se refermer la brèche qui lui a permis de gagner des parts de marché avec ses prix cassés. Elle va aussi lourdement pénaliser le marché publicitaire américain. Les géants du secteur comme Google et Meta, bien sûr. Mais aussi de nombreux sites Internet et applications mobiles, inondés ces derniers mois par des annonces pour Temu et pour sa compatriote Shein. Anticipant une chute de leurs ventes, en raison d’une hausse significative de leurs tarifs, celles-ci ont déjà coupé dans les grandes largeurs leurs budgets publicitaires dans le pays.


| ET AUSSI |

>> Deliveroo racheté par le géant américain DoorDash


Crédit photos: OpenAI - Meta

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Par Jérôme Marin

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