Amazon compte sur Anthropic, la menace de Google et l'avancée de Huawei
Et aussi: l'ados australiens privés de TikTok et YouTube - Le marché du PC ne rebondit toujours pas
Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.
Bonne lecture et bon week-end.
| GRAND ANGLE |
Pourquoi Amazon mise autant sur Anthropic
Amazon double sa mise sur Anthropic. Après avoir déjà injecté quatre milliards de dollars, le géant du commerce en ligne va réinvestir le même montant dans la start-up américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle générative. Cette opération d’envergure n’est pas seulement financière, donnant au rival d’OpenAI les moyens de poursuivre le développemnt de ses grands modèles de langage, qui nécessitent une importante puissance de calcul informatique. Elle s’accompagne également d’un renforcement de leur “collaboration stratégique”, qui lie encore un peu plus le destin des deux partenaires. Celle-ci doit surtout profiter à AWS, la plateforme de cloud computing du géant de Seattle. Et ainsi lui permettre de contrer les investissements colossaux réalisés par Microsoft et Google, ses deux principaux concurrents sur ce marché.
Google aussi dans le capital – Basée à San Francisco, Anthropic a été lancée par plusieurs anciens d’OpenAI, notamment les frère et sœur Daniela et Dario Amodei, qui s’opposaient au rapprochement commercial avec Microsoft. Depuis sa création en 2021, la start-up a levé près de 14 milliards de dollars, dont 2,4 milliards auprès de Google. Une partie de cette somme a été versée en crédits cloud, lui permettant d’utiliser les serveurs de ses deux principaux investisseurs. Elle est devenue l’un des acteurs les mieux financés sur un secteur qui consomme beaucoup de liquidités. Avec son chatbot Claude, Anthropic s’est aussi imposée comme l’un des principaux concurrents de ChatGPT d’OpenAI et de Gemini de Google. Pour gagner de l’argent, elle a lancé une version payante. Et met son modèle de langage à disposition d’autres entreprises.
Meilleure alternative – Si Amazon a beaucoup investi dans Anthropic, c’est qu’il n’a pas véritablement d’autre choix. Sur le marché du cloud, qui représente 75% de ses profits depuis le début de l’année, la croissance vient principalement de l’IA générative. Or, ses adversaires disposent d’arguments de poids. Microsoft est le distributeur exclusif des modèles d’OpenAI. Et Google dispose de ses propres modèles. Pour rivaliser, AWS devait donc sécuriser la meilleure alternative disponible, à savoir les modèles d’Anthropic. Ceux-ci sont désormais accessibles depuis sa plateforme Bedrock, qui permet de développer des services d’IA – par exemple pour ajouter un chatbot dans une application. Certes, la société ne dispose pas d’une exclusivité, mais elle bénéficie d’un accès anticipé aux nouvelles fonctionnalités développées par la start-up.
Puces d’IA – Cette association permet par ailleurs à Amazon d’apporter de la crédibilité à ses efforts dans l’IA. Non seulement Anthropic assure entraîner principalement ses modèles sur AWS, démontrant les capacités de son infrastructure. Mais elle s’est aussi engagée à utiliser les puces maison Trainium et Inferentia, respectivement pour entraîner et faire tourner ses modèles. L’e-marchand en avait fait une condition indispensable avant de réinjecter de l’argent dans la start-up. Il indique par ailleurs que cette dernière va collaborer avec sa filiale Annapurna Labs pour concevoir les prochains modèles. Amazon espère imposer ses accélérateurs comme une alternative crédible aux cartes graphiques conçues par Nvidia. Et ainsi convaincre d’autres entreprises à s’en servir pour déployer leurs IA sur AWS, au lieu d’Azure ou Google Cloud.
Pourquoi Google expérimente un retour aux "dix liens bleus"
Depuis lundi, les internautes allemands qui recherchent un hôtel sur Google ont une drôle de surprise. Au lieu de voir s’afficher une carte avec plusieurs recommandations, ils doivent se contenter d’une liste de “dix liens bleus” vers des plateformes de réservation. Cet étonnant retour en arrière s’inscrit dans le cadre d’une expérimentation “courte et temporaire” menée dans trois pays européens – l’Allemagne, la Belgique et l’Estonie. Objectif: “comprendre comment de tels changements affectent à la fois l’expérience utilisateur et le trafic vers les sites Internet”, explique Oliver Bethell, directeur juridique sur le continent. Mais c’est aussi le moyen pour le géant de Mountain View d’envoyer un message à la Commission européenne, alors qu’elle pourrait lui imposer des modifications dans le cadre du Digital Markets Act.
Avec son nouvel OS, Huawei s'affranchit définitivement d'Android
C’est à la fois une étape majeure et un pari très risqué pour Huawei. Mardi, le groupe de Shenzhen lance officiellement la commercialisation du Mate 70, son premier smartphone équipé d’un système d’exploitation entièrement conçu en interne – le premier aussi entièrement développé en Chine. Face aux sanctions américaines qui le visent depuis quatre ans, il s’affranchit ainsi définitivement de la version open source d’Android, sur laquelle il s’appuyait. Mais il abandonne également la possibilité pour ses utilisateurs de continuer à télécharger des applications conçues pour l’OS mobile de Google. Sa boutique n’en offre que 15.000, très loin des millions disponibles sur les smartphones rivaux. Un handicap potentiellement énorme, alors que Huawei cherche à consolider les positions regagnées sur un marché chinois extrêmement compétitif.
L'Australie interdit les réseaux sociaux aux moins de 16 ans
Les adolescents australiens n’auront bientôt plus le droit d’utiliser TikTok, Instagram et même YouTube. Jeudi, le Sénat doit en effet définitivement adopter un projet de loi, déjà voté mercredi à une large majorité par la Chambre des représentants, qui interdit les plateformes sociales aux moins de 16 ans. “Les réseaux sociaux font beaucoup de mal aux enfants”, justifie le premier ministre Anthony Albanese, soutenu dans cette initiative par les deux principaux partis politiques du pays. Ce texte est l’un des plus stricts jamais mis instaurés. Il ne prévoit aucune exception, même en cas d’accord parental. Son entrée en vigueur est prévue dans un an, mais une question majeure reste encore en suspens: comment vérifier l’âge des utilisateurs ? De quoi laisser planer beaucoup de doutes sur sa réelle efficacité.
Malgré l'IA générative, le rebond du marché du PC se fait toujours attendre
Depuis plusieurs mois, l’industrie du PC promet un rebond du marché, porté notamment par l’arrivée de modèles optimisés pour l’intelligence artificielle générative. Mais cet optimisme ne se matérialise toujours pas. Cette semaine, HP et Dell ont ainsi publié des résultats trimestriels décevants. Une croissance, en valeur, de 2% des ventes d’ordinateurs pour le premier. Et un repli de 1% pour le second. Si leurs dirigeants affichent encore leur confiance, ces mauvais chiffres ont été lourdement sanctionnés à Wall Street. Les deux marques américaines ne sont pas les seules concernées. Au troisième trimestre, le nombre de PC vendus dans le monde a baissé de 2,4%, selon les estimations du cabinet Gartner, qui table sur une progression à un chiffre en 2025. À condition cependant que le climat géopolitique ne se détériore pas…