Et aussi: Vers la fin du streaming gratuit ? - OpenAI lance sa puce d'IA
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Bonne lecture et bon week-end.
À la fin des années 2010, Marc Benioff racontait à l’envi comment il avait ringardisé Oracle. Pour le patron de Salesforce, son ancien employeur était devenu le symbole de ces entreprises vieillissantes de la Silicon Valley, trop occupées à préserver leurs activités historiques plutôt que s’adapter à l’évolution du marché. Cet avis a bien mal vieilli. Mercredi dernier, la société fondée par Larry Ellison, brièvement devenu l’homme le plus riche du monde, a connu une journée historique à Wall Street, portant sa capitalisation boursière à plus de 900 milliards de dollars. Elle récolte les fruits de son virage vers le cloud computing, en particulier pour entraîner et faire tourner les derniers modèles d’intelligence artificielle générative. Un virage récompensé par un contrat record, d’une valeur de 300 milliards sur cinq ans, signé avec OpenAI.
Seize ans après les premiers kilomètres parcourus sur les routes californiennes, les “Google Car” vont (enfin) traverser l’Atlantique. Mercredi, Waymo a officialisé le lancement de son service de robots-taxis à Londres, potentiellement dès l’année prochaine. La filiale du moteur de recherche n’est pas la seule à vouloir envahir les rues européennes: Uber et Baidu promettent aussi de mener des tests l’an prochain au Royaume-Uni et en Allemagne – mais pas encore en France.
Au départ, les véhicules de Waymo ne rouleront pas de manière autonome. Leur mission sera simplement de cartographier les rues de la capitale britannique et de s’adapter à la conduite à gauche dans un trafic urbain extrêmement dense. Dans un second temps, l’opérateur ne sera présent à bord que pour reprendre le contrôle si nécessaire. Puis, des passagers pourront être transportés. Un véritable service de robots-taxis ne pourra légalement pas être lancé avant 2027.
Née en 2009 comme un moonshot au sein du laboratoire Google X, Waymo est considérée comme l’acteur le plus avancé dans la conduite autonome. Après de longues années d’expérimentation et plusieurs dizaines de milliards de dollars investis, la société est entrée dans une nouvelle étape de son développement commercial. Ses voitures transportent déjà des clients dans cinq métropoles américaines, dont San Francisco et Los Angeles, où elle ne cesse d’augmenter sa zone de couverture.
Malgré des tarifs parfois plus élevés qu’un VTC classique, la plateforme connaît une croissance très rapide. Aux États-Unis, ses voitures effectuent désormais plus de 250.000 trajets payants par semaine. L’entreprise prévoit de se lancer dans au moins cinq nouvelles villes l’an prochain. Cet été, elle a également décroché un permis pour réaliser de premiers tests dans certains quartiers de New York. Et en avril, elle a commencé à cartographier les rues de Tokyo.
Pour déployer ses robots-taxis, Waymo adopte différentes stratégies. Dans certaines villes, elle opère directement le service, via son application Waymo One. Dans d’autres, elle s’est associée à Uber ou à Lyft, permettant aux clients des deux plateformes de VTC de circuler à bord de ses voitures. À Tokyo, elle a scellé une alliance avec Nihon Kotsu, premier opérateur de taxis de la ville. À Londres, elle collaborera avec la start-up Moove, chargée de la maintenance de sa flotte.
Waymo se heurte parfois à la réglementation, qui l’oblige à obtenir des permis ou à accumuler des milliers de kilomètres d’essais. Pour rassurer, la société avance des arguments de sécurité. Selon ses données, ses voitures ont été impliquées dans 440 incidents au premier semestre, le plus souvent sans en être responsables. Rapportées à la distance parcourue, elles enregistrent cinq fois moins d’accidents corporels et douze fois moins d’accidents impliquant des piétons que les humains.
En Europe, les tests de conduite autonome restent encore très limités. Le rythme devrait s’accélérer l’an prochain. Outre Waymo, Uber prévoit de mener des essais à Londres, avec la start-up britannique Wayve, ainsi qu’à Munich, en partenariat avec la société chinoise Momenta. De son côté, le géant chinois Baidu s’est associé avec Lyft, qui vient de racheter le service de VTC européen FreeNow, pour faire rouler des voitures autonomes au Royaume-Uni et en Allemagne.
Le choix de ces deux pays n’est pas un hasard. Sorti de l’Union européenne, le Royaume-Uni a déjà adopté un cadre réglementaire pour autoriser les tests en 2026, puis le déploiement commercial de robots-taxis en 2027. Au sein des Vingt-Sept, la législation est, en revanche, beaucoup plus contraignante: elle impose la présence d’un conducteur et limite les manœuvres autorisées. Mais l’Allemagne vient, elle, d’assouplir ses règles pour ouvrir la voie à la conduite autonome.
Pour aller plus loin:
– Tesla présente le Cybercab, son projet de robot-taxi… sans lever les doutes
– Apple abandonne son projet de voiture électrique autonome
Evernote, Vimeo, Meetup… La liste sent bon le Web des années 2010. Ces anciennes gloires partagent désormais un point commun: elles ont toutes été rachetées par Bending Spoons. Le groupe technologique italien, inconnu du grand public, a multiplié les acquisitions – et les plans sociaux – en l’espace de deux ans. Selon Reuters, il ciblerait désormais une légende des débuts d’Internet, l’ancien fournisseur d’accès AOL, devenu portail en ligne et prestataire de services.
Fondée en 2013, l’entreprise milanaise a opté dès le départ pour une stratégie atypique. Au lieu de concevoir elle-même des services, elle rachète des produits qui ont déjà trouvé leur public, via des offres payantes, mais dont le potentiel commercial reste encore sous-exploité. “C’est comme si Berkshire Hathaway (le conglomérat du milliardaire Warren Buffett, ndlr) et Google avaient eu un enfant”, résume ainsi Luca Ferrari, son cofondateur et patron, interrogé par Sifted.
Quand il ne s’en prend pas à Bruxelles, qu’il accuse de trop encadrer l’intelligence artificielle générative, Sam Altman lui demande de l’aide. Fin septembre, des responsables d’OpenAI ont rencontré des représentants de la Commission européenne. Ils ont souligné “la nécessité d’une vigilance continue et d’une réaction rapide des régulateurs” afin de garantir une concurrence équitable face à des “groupes solidement installés”, qui pourraient profiter de leur position dominante.
Le concepteur de ChatGPT redoute notamment que des internautes ne soient “enfermés” dans l’écosystème de ces grandes entreprises, selon des notes succinctes rendues publiques par la Commission. Il pointe en particulier le marché du cloud, dominé notamment par Microsoft et Google, et essentiel à l’entraînement et au fonctionnement des modèles d’IA. Ou encore celui des applications mobiles, toujours largement verrouillé par Apple et Google, malgré l’entrée en vigueur du DMA.
L’aveu est sans détour. Fin juillet, Daniel Ek n’a pas caché son agacement sur les performances publicitaires de Spotify. “Nous avons avancé trop lentement, et les améliorations que nous avons mises en place ont mis plus de temps que prévu à produire des effets”, a-t-il regretté, en marge de la publication des résultats trimestriels. Mais le patron de la plateforme suédoise de streaming musical veut rester optimiste.
Ce discours rassurant n’est pas uniquement destiné aux investisseurs de Wall Street: il s’adresse aussi à l’industrie du disque. Depuis des années, les responsables du secteur s’interrogent en effet sur la pérennité financière des offres gratuites, uniquement financées par la publicité. Certains vont jusqu’à réclamer leur disparition. Daniel Ek, lui, continue à y croire. Mais il abat peut-être sa derniere carte.
C’était l’un des secrets les moins bien gardés de la Silicon Valley. Lundi, OpenAI a finalement officialisé une “collaboration stratégique” avec Broadcom pour concevoir son premier accélérateur maison dédié à l’intelligence artificielle générative. Mais ce que personne n’avait anticipé, c’est l’ampleur colossale du contrat. Celui-ci se devrait se chiffrer en centaines de milliards de dollars, bien au-delà des dix milliards évoqués le mois dernier par la presse américaine.
Ce partenariat est le troisième annoncé par OpenAI depuis la rentrée. Le concepteur de ChatGPT s’est d’abord engagé à acheter des millions de cartes graphiques auprès de Nvidia, en contrepartie d’un investissement pouvant atteindre 100 milliards de dollars. À peine quelques jours plus tard, il a conclu un accord similaire avec AMD – mais cette fois, il récupérera 10 % du capital du fabricant de puces. Aucun échange capitalistique, en revanche, n’est prévu avec Broadcom.
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Crédit photos: Waymo - Evernote