La fin du Vision Pro, le meccano capitalistique de l'IA, les ambitions de Kyutai

Et aussi: La volte-face d'OpenAI – L’essor fragile des néo-clouds

Cafétech
5 min ⋅ 10/10/2025

Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.

Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

Apple délaisse le Vision Pro pour miser sur les lunettes connectées

Moins de deux ans après son lancement, le Vision Pro a quasiment disparu des communications d’Apple. Et pour cause: le premier casque de réalité mixte de la marque à la pomme est un double échec. Non seulement ses ventes sont restées confidentielles, freinées par un prix exorbitant, mais il n’a pas non plus suscité l’élan d’enthousiasme espéré pour commencer à imposer une nouvelle plateforme, “l’informatique spatiale”, censée succéder un jour aux smartphones et aux ordinateurs.

Selon Bloomberg, le groupe américain vient ainsi d’entériner sa mise en sommeil, peut-être définitive, abandonnant le développement d’une version “Air”, plus légère, plus confortable et surtout plus abordable. Désormais, il concentre ses efforts sur les lunettes connectées, avec ou sans écran intégré, un segment en plein essor porté par le succès des Ray-Ban Meta.

Manque d’applications

Sur un marché aux multiples échecs – du casque HoloLens de Microsoft à la start-up Magic Leap –, Apple pensait disposer d’atouts solides: son image de marque, son immense base de fans, sa boutique d’applications et son expertise dans le hardware et l’expérience utilisateur. Après sept ans de développement, le Vision Pro devait démontrer sa capacité à rester innovante et à dicter l’évolution des usages.

La société n’a jamais communiqué de chiffres de ventes, mais aucun analyste estime que la barre du million a été franchie. Cet échec retentissant ne s’explique pas seulement par un prix hors marché – 3.500 dollars aux États-Unis, 4.000 euros en Europe – ou par des défauts de jeunesse. Il tient aussi à l’absence d’applications véritablement révolutionnaires, capables de justifier de ne pas se contenter d’un smartphone ou d’un ordinateur.

Cercle vicieux

Le Vision Pro s’est ainsi retrouvé enfermé dans un cercle vicieux, qui a déjà plombé de nombreux appareils. Ses handicaps ne poussent pas les consommateurs à l’achat, ce qui se traduit par une base d’utilisateurs trop faible pour convaincre les développeurs de créer de nouvelles applications… pourtant indispensables à son succès. Netflix, YouTube, Spotify et Instagram n’ont pas jugé bon de développer une application dédiée. Et ont même refusé que leur application iPad soit automatiquement disponible.

Ces absences mettent à mal le discours marketing d’Apple, qui présente son casque comme “l’appareil ultime de divertissement”. Le groupe, qui devrait toutefois lancer ces prochains mois une version légèrement améliorée de son casque, comptait beaucoup sur le modèle “Air”, mais son lancement n’était pas attendu avant 2027. Probablement trop tard pour inverser la dynamique.

Rattraper Meta

La décision de délaisser le Vision Pro est aussi à interpréter comme une volonté de s’adapter au marché: les casques de réalité mixte n’ont jamais décollé, quand les lunettes connectées rencontrent un succès inattendu. Tous les grands acteurs du marché tentent ainsi de répliquer aux montures lancées par Meta. Le mois dernier, la maison mère de Facebook a dévoilé une première version équipée d’un petit écran sur le verre droit, une première étape vers de véritables lunettes de réalité augmentée.

Apple avait bien identifié le potentiel des lunettes, mais estimait que les technologies nécessaires étaient trop lointaines, choisissant de lancer d’abord un casque. La société espère désormais rattraper le temps perdu. Mais son premier modèle maison, sans écran, ne devrait pas être commercialisé avant 2027, tandis qu’une version avec écran est attendue en 2028.

Pour aller plus loin:
– Meta dévoile ses premières lunettes équipées d’un écran
– OpenAI s’allie au designer de l’iPhone pour remplacer les smartphones


| UN MESSAGE DE RAMIFY |

Investir en actions devient facile avec le PEA Ramify

Le Plan d’Épargne en Actions a le vent en poupe. Après un rebond historique en 2023 et une année 2024 encore positive malgré un contexte de marché plus contrasté, il confirme son statut de produit d’épargne incontournable pour les Français.

Et désormais, il devient encore plus intéressant: Ramify lance son PEA en gestion conseillée. Concrètement, leur équipe d’experts construisent pour vous des portefeuilles diversifiés d’ETF actions, régulièrement rééquilibrés selon l’état des marchés.

Plus besoin donc de gérer vous-mêmes vos investissements. Avec le PEA de Ramify, vous pouvez ainsi accéder facilement aux performances de leurs portefeuilles 100 % actions (+18,9 % en 2023, +27,1 % en 2024) tout en bénéficiant de la meilleure fiscalité possible en France sur un investissement.

Bonne nouvelle, Ramify propose une offre de lancement exceptionnelle : frais réduits à 0,36 % la première année (contre 1,3 % habituellement) pour toute ouverture (dès 50.000 euros) ou transfert (dès 25.000 euros) effectué avant le 31/10/2025. 

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.


| EN BREF |

Comment l’IA est devenue un gigantesque meccano capitalistique

C’est le dernier épisode en date du gigantesque meccano capitalistique à l’œuvre dans le secteur de l’intelligence artificielle générative. Lundi, OpenAI et AMD ont officialisé un “partenariat stratégique” inédit: en échange de l’achat de cartes graphiques destinées à l’entraînement et à l’exécution de ses modèles, le concepteur de ChatGPT va récupérer jusqu’à 10% du capital du fabricant de puces, qui ambitionne de rivaliser avec Nvidia, le leader incontesté du marché.

Ce rapprochement illustre une nouvelle phase d’alliances capitalistiques entre les acteurs de l’IA, où l’argent circule d’une entreprise à l’autre, avant de faire le chemin inverse sous une autre forme. Il y a à peine deux semaines, OpenAI a déjà conclu un “partenariat stratégique” similaire, s’engageant cette fois-ci à acquérir des GPU auprès de Nvidia en échange d’un investissement pouvant aller jusqu’à 100 milliards de dollars, destiné à financer ses ambitions colossales.


Les ambitions de Kyutai, le laboratoire d’IA à but non lucratif financé par Xavier Niel

Sur le grand tableau blanc installé dans la cuisine commune, une multitude d’équations mathématiques, indéchiffrables pour le profane, a été griffonnée. Le décor est immédiatement planté. Dans ces bureaux sans grands artifices d’un espace de coworking parisien, bien loin des standards copiés de la Silicon Valley, ce n’est pas une start-up de plus qui rêve de révolutionner l’intelligence artificielle générative, mais un véritable laboratoire de recherche.

Bienvenue chez Kyutai, l’un des fleurons français de l’IA. Ici, une vingtaine de chercheurs et doctorants ne développent pas des services destinés à rivaliser avec ceux d’OpenAI, Google ou Mistral AI. Leur mission: concevoir des modèles de fondation pour faire progresser l’état de l’art, “sans être guidés par des intérêts commerciaux”, souligne Patrick Pérez, le directeur général. En deux ans d’existence, le laboratoire a déjà signé plusieurs avancées remarquées.


Pourquoi OpenAI pense déjà à gagner de l’argent avec son application Sora

Accessible uniquement sur invitation, mais déjà numéro un sur l’App Store. Une semaine après son lancement par OpenAI, l’application Sora suscite toujours un fort intérêt aux États-Unis et au Canada, les seuls pays où elle est pour l’instant disponible. Au point de pousser le concepteur de ChatGPT à accélérer sa monétisation. “Nous allons devoir trouver un moyen de générer des revenus”, reconnaît Sam Altman, dans un message publié ce week-end sur son blog.

Et pour cause: le succès de ce réseau social, qui permet de créer et de partager de courtes vidéos grâce à l’intelligence artificielle générative, engendre des coûts importants pour OpenAI, sans générer encore la moindre recette. “Les gens créent bien plus de vidéos que prévu “, assure son patron, qui explique que des tests seront menés “très prochainement” pour trouver le bon modèle de monétisation.


L’essor fragile des néo-clouds, entre croissance rapide et endettement massif

Ils s’appellent CoreWeave, Nscale, Lamba Labs, Nebius ou Crusoe. Encore peu présents il y a dix-huit mois à peine, les néo-clouds sont devenus d’indispensables acteurs de l’ombre de l’intelligence artificielle générative. Ils enchaînent les levées de fonds et signent désormais des contrats à onze chiffres. Mais leur ascension fulgurante cache une réalité plus fragile: leur modèle économique repose sur des investissements colossaux, financés par un endettement vertigineux.

Plusieurs dizaines d’entreprises se sont engouffrées dans ce nouveau marché. Beaucoup d’entre elles ont vu le jour avant même le lancement de ChatGPT: d’abord spécialisées dans le minage de cryptomonnaies, elles ont depuis “pivoté”. À la différence des plateformes traditionnelles, elles se concentrent exclusivement sur la puissance de calcul nécessaire à l’entraînement et à l’inférence des modèles d’IA – une spécialisation censée leur garantir des performances supérieures.


| ET AUSSI |

>> La levée de fonds atypique de xAI, la start-up d’Elon Musk

>> Le numérique hérite d’une nouvelle ministre... à temps partiel et déjà en sursis

>> Poursuivi par Arm, Qualcomm revendique “une victoire totale”

>> Le fabricant de puces d’IA Cerebras renonce à entrer en Bourse


Crédit photos: Apple - AMD

Cafétech

Cafétech

Par Jérôme Marin

Les derniers articles publiés