La revanche d'Oracle, l'alliance entre Netflix et Amazon, les "lunettes IA" de Meta

Et aussi: Le succès en trompe-l’œil d'Apple - Levée de fonds record dans la robotique

Cafétech
5 min ⋅ 19/09/2025

Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.

Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

En signant un contrat record avec OpenAI, Oracle joue enfin dans la cour des grands

À la fin des années 2010, Marc Benioff racontait à l’envi comment il avait ringardisé Oracle. Pour le patron de Salesforce, son ancien employeur était devenu le symbole de ces entreprises vieillissantes de la Silicon Valley, trop occupées à préserver leurs activités historiques plutôt que s’adapter à l’évolution du marché. Cet avis a bien mal vieilli. Mercredi dernier, la société fondée par Larry Ellison, brièvement devenu l’homme le plus riche du monde, a connu une journée historique à Wall Street, portant sa capitalisation boursière à plus de 900 milliards de dollars. Elle récolte les fruits de son virage vers le cloud computing, en particulier pour entraîner et faire tourner les derniers modèles d’intelligence artificielle générative. Un virage récompensé par un contrat record, d’une valeur de 300 milliards sur cinq ans, signé avec OpenAI.

Bases de données – Fondé en 1977, Oracle a révolutionné la gestion des bases de données, dans le sillage d’un premier projet avec la CIA. Le groupe mise avant tout le monde sur le potentiel du langage SQL, ce qui lui vaut un succès rapide. Au fil des années, il enrichit son offre avec des logiciels de planification, de gestion financière ou de relation client, en particulier grâce à de nombreuses acquisitions. Mais il ne croit pas au potentiel du cloud – du “charabia”, assure son fondateur en 2008. Cette posture laisse le champ libre à de nouveaux éditeurs de logiciels, comme Salesforce, et aux grandes plateformes de cloud vers lesquelles migrent de nombreuses bases de données. Sous l’impulsion de Safra Catz, seule aux commandes depuis 2019 – Larry Ellison reste directeur de la technologie –, Oracle finit par se lancer dans les infrastructures cloud.

Contrat avec TikTok – Pour se différencier de rivaux déjà bien établis, la société adopte une stratégie multicloud: elle permet à ses clients d’exécuter bases de données et applications sur d’autres plateformes. En 2020, elle décroche un premier contrat majeur avec Zoom, le service de visioconférence alors porté par l’essor du télétravail. Quelques mois plus tard, elle profite de ses liens étroits avec l’administration Trump pour faire partie du consortium qui doit racheter les activités américaines de TikTok. L’opération, bloquée par la justice, ne se matérialise pas. Mais Oracle conserve l’essentiel: le groupe est au cœur du projet Texas, et héberge les données des utilisateurs américains de l’application de courtes vidéos. Il reste malgré tout un petit acteur, avec une part de marché de seulement 3%, selon les estimations du cabinet Synergy.

455 milliards de dollars – L’essor de l’IA générative lui offre une nouvelle chance. Depuis 2023, Oracle suit une stratégie agressive pour accroître ses capacités, notamment avec la construction d’un gigantesque data center au Texas. Grâce à des prix imbattables et de bonnes performances, il séduit Meta, la start-up xAI d’Elon Musk, et quelques acteurs plus modestes. Mais c’est avec OpenAI que les perspectives sont les plus prometteuses. À la recherche de puissance de calcul, le concepteur de ChatGPT a obtenu de Microsoft l’autorisation de recourir à d’autres fournisseurs. Un premier contrat a été signé l’an passé. Avec l’accord à 300 milliards de dollars, Oracle affiche un carnet de commandes de 455 milliards, supérieur à ceux de Microsoft et Amazon. Selon les analystes, le cloud représentera plus de la moitié de son chiffre d’affaires d’ici à 2029.

Pari risqué – Pour honorer ses engagements envers OpenAI à partir de 2027, l’entreprise devra accélérer ses investissements dans les centres de données. Elle devra sans doute aller bien au-delà de la capacité annoncée cet été de 4,5 gigawatts de puissance – l’équivalent de la consommation d’une ville de quatre millions d’habitants. Oracle va devoir s’endetter lourdement afin de financer le bond de ses dépenses en capital, . Un pari risqué: plus de deux tiers de son carnet de commandes reposent sur un seul client. Autrement dit, la pérennité financière de sa stratégie dépend presque entièrement de la capacité d’OpenAI a levé des centaines de milliards de dollars supplémentaires. Pour les attirer les investisseurs, la start-up devra atteindre les ambitieux objectifs qu’elle s’est fixés: elle table sur un chiffre d’affaires de 200 milliards en 2030.

Pour aller plus loin:
– OpenAI signe avec Oracle un contrat à 300 milliards de dollars
– Sam Altman évoque le risque d’une bulle de l’intelligence artificielle


| EN BREF |

Pourquoi Netflix s'allie avec Amazon dans la publicité


Nouvelle alliance inattendue pour Netflix. Après le partenariat conclu en juin avec TF1 pour diffuser la première chaîne française et ses programmes à la demande, la plateforme de streaming s’associe cette fois à Amazon pour la commercialisation de ses campagnes publicitaires. À partir du quatrième trimestre, les annonceurs pourront ainsi utiliser la plateforme d’achat du géant du commerce en ligne – qui reste pourtant, avec Prime Video, l’un de ses principaux concurrents. Ce partenariat illustre la volonté de la société californienne d’ouvrir grand les vannes à tous les acteurs du marché, trois ans après le lancement de son offre avec publicités, qui a franchi en mai la barre des 94 millions d’abonnés. Elle s’est déjà alliée à Google, Microsoft ou encore Yahoo. Elle espère ainsi optimiser ses tarifs et le remplissage de ses coupures publicitaires.


Meta dévoile ses premières lunettes équipées d'un écran

Ce ne sont pas encore de vraies lunettes de réalité augmentée, mais une étape supplémentaire vers l’objectif que s’est fixé Mark Zuckerberg. Mercredi soir, le patron de Meta a dévoilé un premier modèle équipé d’un petit écran sur le verre droit. Celui-ci pourra afficher des informations utiles, comme la navigation ou les messages reçus, des appels vidéo et surtout des conversations avec le chatbot maison Meta AI. La maison mère de Facebook et d’Instagram ne parle d’ailleurs plus de lunettes connectées, mais de lunettes d’intelligence artificielle. Elle espère capitaliser sur le succès de ses premières montures, en particulier depuis l’intégration de fonctionnalités d’IA. Ses dirigeants prévoient de vendre 100.000 exemplaires d’ici à la fin de l’année prochaine, notamment grâce à un prix de 800 dollars, relativement abordable par rapport aux modèles sans écran.


Le succès en trompe-l’œil d'Apple dans les services

Depuis deux ans, Apple TV+ faisait figure d’exception sur le marché du streaming vidéo, en maintenant ses tarifs stables quand ses rivaux les augmentaient à plusieurs reprises. Mais le groupe à la pomme vient de rattraper le temps perdu: le prix de l’abonnement mensuel a grimpé de 30% dans certains pays, dont les États-Unis – mais pas encore en Europe. Les utilisateurs américains doivent ainsi payer 13 dollars par mois, contre seulement 5 dollars au lancement en 2019. Apple justifie cette forte hausse par l’enrichissement de son catalogue de productions originales. Celle-ci doit aussi permettre de réduire les pertes de la plateforme, qui se chiffrent à un milliard de dollars par an, selon le site The Information. Ces difficultés ne constituent pas un cas isolé: la société peine en effet à rentabiliser son offensive dans les services de divertissement.


En levant un milliard de dollars, Figure capitalise sur le regain d'intérêt pour la robotique

L’opération symbolise le nouvel élan pour la robotique. Mercredi, la start-up américaine Figure, qui travaille sur un robot humanoïde, a annoncé une gigantesque levée de fonds, d’un montant supérieur à un milliard de dollars – un record sur le secteur. Elle est désormais valorisée à 39 milliards, contre seulement 2,6 milliards début 2024, alors même qu’elle ne génère quasiment pas de chiffre d’affaires. “Cette étape est essentielle pour ouvrir la voie à la prochaine phase de croissance”, assure Brett Adcock, son fondateur et patron. Fondée en 2022, Figure est considérée comme l’un des acteurs les plus prometteurs. Elle explique avoir fini la conception de son premier modèle commercial, mais elle ne fournit aucune date sur un potentiel lancement. Elle assure pouvoir fabriquer 12.000 robots par an. Puis 100.000 unités au bout de quatre années.


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Crédit photos: Oracle - Unsplash / Souvik Banerjee

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Par Jérôme Marin

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