Le fiasco Humane, Intel à la croisée des chemins, Apple avance dans la 5G

Et aussi: Les règles publicitaires d'Apple dans le viseur - Facebook ouvre ses petites annonces

Cafétech
5 min ⋅ 21/02/2025

Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.

Cette semaine, vous pouvez aussi me retrouver sur Tech 45’, l’excellent podcast tech de Sébastien Couasnon, pour un épisode bonus dédié aux dernières actus tech. Au sommaire: les avancées de DeepSeek, le bilan du sommet de l’IA ou encore les conséquences sur la tech du retour au pouvoir de Donald Trump.

Bonne lecture, bonne écoute et bon week-end.

PS: Cafétech fait une pause la semaine prochaine. Rendez-vous début mars.


| GRAND ANGLE |

Après le flop de l'AI Pin, la start-up Humane est rachetée par HP

Les fondateurs de Humane promettaient de remplacer les smartphones avec l’IA Pin, gadget dopé à l’intelligence artificielle générative. Non seulement celui-ci ne sera plus commercialisé, moins d’un an et demi après son lancement, mais les exemplaires déjà écoulés cesseront aussi de fonctionner fin février. Cette décision radicale s’inscrit dans le cadre du rachat de la start-up américaine par HP pour 116 millions de dollars. Une opération au rabais, alors qu’elle avait levé 230 millions auprès d’investisseurs. Et qu’elle espérait l’an passé une offre comprise entre 750 millions et un milliard. Cette offre semble quand même survaloriser les technologies développées par Humane. De fait, elle ressemble davantage à un “aqui-hire” des deux fondateurs, qui vont désormais travailler sur l’intégration de l’IA dans les ordinateurs et imprimantes HP.

“Le pire produit” – Humane espérait surfer sur deux tendances: la recherche de la prochaine plateforme dominante et l’engouement autour de l’IA générative. Son concept: une broche à fixer sur le torse, équipée d’un assistant vocal. L’AI Pin pouvait ainsi répondre à des questions en faisant appel à ChatGPT. Il pouvait aussi faire un résumé des mails et messages ratés pendant une journée, servir de traducteur en temps réel en recréant la voix de l’utilisateur ou encore identifier des objets placés devant lui grâce à sa caméra. Mais les premiers retours de la presse américaine ont été catastrophiques. Parmi les reproches: temps de réponse à rallonge, réponses fausses, fonctionnalités manquantes, faible durée de vie de la batterie, surchauffe… “Le pire produit que je n’ai jamais testé”, avait ainsi lancé le youtubeur vedette Marques Brownlee.

Prix exorbitant – Au-delà de ces défauts de jeunesse, l’AI Pin souffrait surtout d’une véritable proposition de valeur inexistante. Humane n’a jamais démontré l’intérêt d’utiliser son appareil plutôt qu’un smartphone ou une paire de lunettes connectées. Et encore plus en l’absence de boutique d’applications, qui aurait pu offrir de nouveaux cas d’usage. Autre handicap rédhibitoire: un prix exorbitant. La broche était en effet commercialisée à 699 dollars. Et elle nécessitait en plus un abonnement mensuel de 24 dollars, permettant de bénéficier d’appels illimités, d’héberger des photos et vidéos dans le cloud, et surtout de poser autant de questions que souhaité à l’assistant. Cette double tarification reflétait un modèle économique bancal: Humane devait payer des frais aux services d’IA sur chaque requête effectuée par ses utilisateurs.

Le précédent Magic Leap – L'histoire de la start-up n'est pas sans rappeler celle de Magic Leap, qui promettait de commercialiser un casque de réalité augmentée sans précédent. Et qui avait levé près de trois milliards de dollars auprès de noms prestigieux avant d'abandonner ses rêves de grandeur. Les dirigeants de Humane ont, eux aussi, savamment orchestré pendant des années le mystère autour de leur technologie qu'ils présentaient comme révolutionnaire. Ils ont aussi su attirer des investisseurs de renom, comme Sam Altman et Marc Benioff, les patrons respectifs d'OpenAI et de Salesforce. Et ils ambitionnaient de créer un nouveau marché. Ces deux échecs illustrent l’extrême complexité du développement hardware pour les start-up. Même quand elles ont été lancées par des responsables qui ont fait leur preuve dans de grands groupes.

Pour aller plus loin:
– Démarrage raté pour l’AI Pin, la broche dopée à l’IA qui doit remplacer les smartphones
– L’incroyable comeback de Magic Leap


| UN MESSAGE DE RAMIFY |

Avec Ramify, plus besoin de banque privée

Lancée en 2022, Ramify combine l’excellence des banques privées avec la puissance du digital. Son ambition est d’offrir une expérience d’investissement exclusive en associant un conseil haut de gamme, des solutions sur mesure et des technologies de pointe.

Sa force réside dans une offre complète, qui permet de diversifier son patrimoine: assurance-vie, PER en gestion pilotée, Private Equity, immobilier (SCPI, crowdfunding) mais aussi des produits alternatifs tels que l’art et les crypto-actifs.

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| EN BREF |

La production pour TSMC, la conception pour Broadcom: vers un démantèlement d'Intel ?

Chez Intel, les grandes ambitions industrielles de Pat Gelsinger font définitivement partie du passé. Deux mois après le départ forcé de son directeur général, le géant américain des semi-conducteurs ne rêve plus de concurrencer TSMC sur les activités de fonderie. Ni de rivaliser avec Nvidia sur les cartes graphiques dédiées à l’intelligence artificielle générative. Il cherche désormais à maximiser la valeur pour ses actionnaires, rapporte le Wall Street Journal, alors que son cours boursier a été divisé par trois en quatre ans. Dans cette optique, la direction par intérim semble prête à étudier toutes les options. Même celle d’une vente à la découpe de l’ancien fleuron des processeurs. Le quotidien américain évoque ainsi un intérêt de Broadcom pour les activités de conception de puces. Et un intérêt de TSMC pour celles de production.


Avec ses premières puces 5G, Apple s'émancipe (un peu) de Qualcomm

Il aura fallu sept ans à Apple. Et plusieurs milliards de dollars d’investissements. Mercredi, le groupe à la pomme a dévoilé son premier modem 5G, dans le cadre du présentation de l’iPhone 16e, son nouveau modèle d’entrée de gamme. Il a cependant fourni peu de détails, insistant seulement sur les économies d’énergie. Un aveu probablement qu’il reste encore très loin des performances de Qualcomm, qui équipe ses autres iPhone. Reste que ce lancement marque le début de son émancipation. Selon l’agence Bloomberg, le modem maison sera déployé au sein des modèles premium à l’automne 2026. Puis, au sein des iPad les plus puissants en 2027. À cette échéance, Apple espère dépasser les performances de son fournisseur historique. Objectif: renforcer l’intégration avec le processeur mobile pour limiter la consommation d’énergie et améliorer la connectivité.


Les règles publicitaires d'Apple aussi dans le collimateur en Europe

L’étau se resserre autour des nouvelles règles sur le pistage publicitaire mises en place par Apple en 2021. Jeudi dernier, le gendarme allemand de la concurrence a en effet notifié un grief au groupe à la pomme. Il lui reproche de s'être octroyé un traitement préférentiel, qui pourrait lui permettre de capter une part plus importante du marché publicitaire sur son système iOS. Une pratique interdite dans le cadre d’une nouvelle loi sur les entreprises ayant une “importance primordiale sur la concurrence”, explique le Bundeskartellamt. Apple va désormais pouvoir répondre à ces allégations. Un verdict est attendu en fin d’année ou l’an prochain. D’ici là, l’Autorité de la concurrence française se sera aussi prononcée dans une procédure similaire. Selon nos informations, sa décision a été mise en délibéré. Elle sera officialisée en mars.


Pour satisfaire Bruxelles, Facebook ouvre son service de petites annonces à ses rivaux

C’est une brèche dans laquelle s’étaient engouffrés avec grand succès Shein puis Temu qui se referme. Mardi, les États-Unis vont en effet mettre fin à l’exemption de droits de douane sur les colis d’une valeur inférieure à 800 dollars. Cette règle a grandement contribué à l’essor des deux plateformes chinoises de commerce en ligne, qui expédient les achats directement depuis des entrepôts situés en Chine. Elle leur a en effet permis de bénéficier d’un avantage compétitif sur leurs concurrents, qui importent de grandes quantités de produits vers leur chaîne logistique américaine. Et ainsi de gagner des parts de marché avec leurs prix cassés, plébiscités par une partie des consommateurs occidentaux. Ce changement va aussi toucher, beaucoup plus marginalement, Amazon, dont la nouvelle plateforme Haul reprend les mêmes recettes.


| ET AUSSI |

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Crédit photos: Humane - Intel

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Par Jérôme Marin

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