Et aussi: Google forcé de vendre Chrome ? – Netflix se lance dans le sport
Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.
Bonne lecture et bon week-end.
Il y a un an, Atomico se voulait résolument optimiste. Malgré une chute vertigineuse des levées de fonds en Europe après deux années de “surchauffe”, le fonds de capital-risque britannique assurait que la reprise était “en cours”. Mais ses espoirs, et ceux de l’écosystème, ne se sont pas matérialisés. Dans son rapport annuel, publié ce mardi, il prédit en effet que les start-up européennes vont récolter 45 milliards de dollars auprès d’investisseurs en 2024. Ce serait légèrement moins que les 47 milliards de 2023. Et surtout très loin des sommets touchés en 2021, quand les tours de table avaient atteint la barre des 100 milliards. Les plus rassurants souligneront que ce chiffre reste supérieur à 2020, dernière année “normale” avant l’euphorie post-Covid. Mais ce n’est, en réalité, même pas le cas en tenant compte de l’inflation.
L’IA ne suffit pas – Entamée à l’été 2022, la chute des levées a été précipitée par le resserrement des politiques monétaires, qui a mis fin à une période d’argent facile. Aucun pays n’a été épargné, mais l’Europe met plus de temps à rebondir que les États-Unis. Au deuxième trimestre, le montant recueilli par les start-up américaines a en effet grimpé de 50%, selon les données de Pitchbook. Cette forte augmentation s’explique par l’essor de l’intelligence artificielle générative, qui suscite une nouvelle vague d’investissements. Celle-ci existe aussi en Europe, où elle est cependant moins marquée. En 2024, les fonds fléchés vers les start-up européennes d’IA devraient atteindre un nouveau record, à 11 milliards de dollars, soit 50% de plus que l’an passé. Pas suffisant pour combler le repli des autres secteurs.
Dry powder en baisse – Selon les estimations d’Atomico, le nombre de levées devrait continuer de chuter sur le continent. Seulement 4.800 opérations devraient être menées cette année, contre 6.300 en 2023 et 9.400 en 2021. Ce serait ainsi le plus faible total depuis 2016. Petite consolation: le montant moyen et les valorisations sont repartis à la hausse. Mais les perspectives restent fragiles, alors que 60% des fondateurs estiment qu’il est de plus en plus compliqué d’attirer des investisseurs. Ces difficultés touchent aussi les fonds de capital-risque, qui accusent une chute de leur collecte. Au premier semestre, ils n’ont levé que 6,8 milliards de dollars, selon le collectif Invest Europe, le plus faible montant depuis 2018. Conséquence: le dry powder, les liquidités que les fonds doivent encore investir, commence à baisser.
Chute des sorties – Cette tendance est accentuée par le plongeon des sorties, qui doivent permettre de pérenniser un écosystème sur le long terme. Point faible historique de la tech européenne, celles-ci vont tomber à leur plus bas niveau depuis au moins dix ans, date du premier rapport d’Atomico. À date, la valorisation des (rares) introductions en Bourse ne se chiffre qu’à trois milliards de dollars. Et les acquisitions ne sont élevées qu’à dix milliards. Seulement deux entreprises ayant réalisé un exit ont été valorisées à plus d’un milliard de dollars, contre dix l’an passé. Dans ce contexte difficile, les start-up ont choisi de “solidifier leurs finances”, souligne le fonds. Autrement dit: limiter leurs pertes pour tenir plus longtemps sur leurs liquidités. Le recours à l’endettement a aussi fortement augmenté.
Pour aller plus loin:
– Une attaque “délibérée”: la French Tech entre dans une nouvelle ère
– Douche froide pour la reprise des IPO technologiques
Sa présentation par Jeff Bezos dans l’émission 60 minutes avait fait sensation. Mais onze ans après les grandes promesses de son fondateur et ancien patron, le projet de livraison par drone d’Amazon tarde toujours à décoller. Le géant du commerce en ligne espère bien avoir franchi une étape majeure: début novembre, les autorités américaines l’ont autorisé à faire voler son dernier modèle en dehors du champ de vision d’un opérateur. Un feu vert “historique et sans précédent” qui lui permet d’ores et déjà de proposer un service de livraison le jour même dans une petite partie de la banlieue de Phoenix. La société espère ainsi prouver la sécurité de son système, tout en démontrant sa capacité à réduire les nuisances sonores. Deux conditions indispensables avant de pouvoir déployer ses drones à grande échelle aux États-Unis et ailleurs.
“En pleine production”. Une nouvelle fois, Jensen Huang se veut rassurant. Et promet que les livraisons de Blackwell, la prochaine génération de carte graphique de Nvidia dédiée à l’intelligence artificielle générative, commenceront bien au quatrième trimestre. Il y a quelques jours pourtant, le site The Information faisait état d’un problème de surchauffe, qui avait laissé craindre des délais supplémentaires. Et qui avait inquiété les investisseurs de Wall Street, alors que le groupe de Santa Clara est devenu la première capitalisation boursière mondiale. La demande pour Blackwell est “incroyable”, assure son patron, en marge de résultats trimestriels en très forte hausse. Entre août et octobre, le chiffre d’affaires a presque doublé, à 35 milliards de dollars. Et les profits ont dépassé la barre des 19 milliards.
Le scénario serait tellement radical qu’il reste toujours peu probable. Mais il ne peut pas être totalement écarté. Condamné cet été pour abus de position dominante dans la recherche en ligne, Google pourrait être contraint par la justice américaine de se séparer de son navigateur Internet Chrome, de très loin le plus utilisé dans le monde. Cette hypothèse fait en tout cas partie des remèdes proposés mercredi par le département de la Justice (DOJ). Celui-ci préconise aussi de “découpler” Android des autres services maison et d’interdire les accords commerciaux noués avec Apple ou Firefox. Objectif: renforcer la concurrence sur le secteur en s’assurant que Google ne bénéficie plus de ces avantages de distribution, qui empêchent ses rivaux d’atteindre la taille critique nécessaire pour pouvoir être véritablement compétitifs.
Un pic à 65 millions de spectateurs mais de nombreux bugs techniques. Les débuts de Netflix dans la diffusion en direct d’événements sportifs – le combat de boxe entre l’ancien champion du monde Mike Tyson et l’influenceur Jake Paul – affichent un bilan mitigé. Ils restent cependant très encourageants, témoignant de l’intérêt de ses abonnés. Et aussi de l’immense portée de son audience, capable de transformer une opposition non officielle en attraction planétaire. La plateforme de streaming espère rééditer cet exploit à Noël, avec la retransmission de deux matchs de NFL, le championnat de football américain. Et d’un concert de Beyoncé à la mi-temps. Pour Netflix, accro à l’analyse de données, ce sera aussi une occasion supplémentaire de valider sa nouvelle stratégie dans le sport, avant de se positionner sur de nouveaux droits.
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