Musk vs Altman, flou sur les données européennes, le comeback d'Alexa

Et aussi: TSMC reste sous la menace - Anthropic ne s'arrête plus - Nvidia ne rassure toujours pas

Cafétech
5 min ⋅ 07/03/2025

Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.

Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

OpenAI remporte une première victoire judiciaire face à Elon Musk

La justice américaine ne s’opposera pas (pour l’instant) au changement de statut juridique d’OpenAI. Mardi, le concepteur de ChatGPT a remporté une première bataille contre Elon Musk, qui réclamait une injonction pour bloquer cette opération dans l’attente d’un procès. Sur le papier, celui-ci peut donc poursuivre ce processus particulièrement complexe. Il souhaite abandonner sa structure hybride, en particulier l’organisation à but non lucratif qui contrôle son entité commerciale. Dans les faits, il n’est cependant pas certain que les dirigeants de la start-up choisissent de franchir le pas. La juge chargée du dossier souhaite en effet accélérer la procédure judiciaire pour qu’un procès puisse se tenir à l’automne. Il serait ainsi plus prudent d’attendre cette échéance pour éviter un potentiel retour en arrière en cas de verdict défavorable.

Frein – Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à la création d’OpenAI. En 2015, il s’agit alors d’un laboratoire ambitionnant de concevoir une IA bénéfique pour l’humanité, sans rechercher des profits. La structure est alors à but non lucratif. Elon Musk injecte 44 millions de dollars pour financer ses travaux, avant de claquer la porte. En 2019, une nouvelle entité est créée: une filiale à “but lucratif plafonné”, dans laquelle va massivement investir Microsoft. Cette structure hybride pose cependant un frein aux ambitions de San Altman, le patron d’OpenAI, qui cherche à lever des milliards de dollars supplémentaires auprès d’investisseurs. Elle prévoit en effet que Microsoft capte la plus grande partie des profits jusqu’à un certain montant. Au-delà, l’ensemble des bénéfices doit revenir à la fondation caritative.

“Dommages significatifs” – Pour surmonter ce problème, OpenAI souhaite devenir une entreprise “normale”, qui pourra redistribuer ses profits comme elle le souhaite. Elon Musk s’y oppose. Dans une plainte déposée l’été dernier, il dénonce ainsi une supercherie d’une “ampleur shakespearienne” pour obtenir des donations déductibles des impôts – dont les siennes -, tout en ayant dès le départ un objectif lucratif caché à long terme. Dans sa décision, la juge reconnaît que le changement de statut juridique de la société provoquera des “dommages significatifs et irréparables”. Mais elle n’a pas souhaité prononcer une injonction pour le bloquer temporairement car elle n’a pas pu déterminer si les arguments avancés par Elon Musk étaient juridiquement solides. “La question reste en suspens”, explique-t-elle. Elle sera tranchée au cours du prochain procès.

Offre de rachat – Malgré le feu vert de la justice, la transformation d’OpenAI reste incertaine. Elle est pourtant indispensable: la start-up s’est engagée à rembourser 6,5 milliards de dollars à ses derniers investisseurs dans le cas échéant. Et elle souhaite lever encore davantage auprès de Softbank. Deux autres obstacles doivent encore être surmontés. D’abord, s’entendre avec Microsoft sur son poids dans la nouvelle entreprise. Ensuite, déterminer les compensations que recevra la branche à but non lucratif, à qui OpenAI propose d’octroyer une part du capital. Dans ce dossier, Elon Musk vient de lui jouer un mauvais tour: le mois dernier, il a proposé 97,4 milliards de dollars pour racheter ses actifs. Les discussions portaient jusqu’alors sur un montant allant de 30 à 40 milliards de dollars. Une somme qui semble désormais difficile à justifier.

Pour aller plus loin:
– Pour contrarier Sam Altman, Elon Musk propose de racheter (en partie) OpenAI
– Elon Musk lève six milliards de dollars pour concurrencer ChatGPT


| UN MESSAGE DE RAMIFY |

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| EN BREF |

Comment l'administration Trump menace le cadre européen sur le transfert de données

Déjà vivement contesté, le Data Privacy Framework est plus que jamais menacé. Mais contrairement à ses prédécesseurs, ce n’est pas la justice européenne qui pourrait retoquer ce cadre juridique autorisant le transfert de données vers les États-Unis. Son effondrement pourrait être précipité par l’administration Trump. D’ici à jeudi, Washington doit en effet se prononcer sur le sort du décret signé par Joe Biden qui sert de base légale à cet accord transatlantique. “Il est difficile d’imaginer qu’un décret de Biden, imposé aux États-Unis par l’Europe et régulant l’espionnage américain à l’étranger, puisse survivre à la logique ‘America First’ de Trump”, prédit l’activiste autrichien Max Schrems, à l’origine de la chute des deux prédécesseurs du DPF. Même dans le cas contraire, l’avenir de ce texte resterait, de toute façon, très incertain.


Amazon mise sur l'IA générative pour relancer son assistant Alexa

Dix ans après son lancement, Alexa rêve d’une seconde jeunesse. La semaine dernière, Amazon a dévoilé une version survitaminée de son assistant vocal, dopée à l’intelligence artificielle générative. “Notre vision a toujours été ambitieuse, mais jusqu’à maintenant nous avons été limités par la technologie”, assure Panos Panay, l’ancien chef des produits de Microsoft, recruté à l’automne 2023 par le géant du commerce en ligne. Baptisé Alexa+, le service profite en effet des progrès spectaculaires réalisés ces dernières années dans le sillage de ChatGPT. Il est désormais capable de discuter en langage naturel. Et de répondre à des requêtes beaucoup plus complexes ou de retenir des informations personnelles. Il peut aussi se connecter à des “dizaines de milliers” de services. Lancé d’abord aux États-Unis, celui-ci sera payant – au moins sur le papier.


TSMC promet d'investir massivement aux États-Unis... mais reste sous la menace

TSMC espérait certainement s’attirer les bonnes grâces de Donald Trump. Mardi, le géant taïwanais a officialisé à la Maison Blanche un plan d’investissement de 100 milliards de dollars en quatre ans aux États-Unis, notamment pour construire trois méga usines de production de semi-conducteurs. Pourtant, assurent des sources citées par Wired, l’administration américaine n’écarte toujours pas d’imposer d’importants droits de douane. Non seulement sur les puces que le groupe fabrique à Taïwan, mais aussi sur tous les produits électroniques qui les utilisent – des smartphones ou GPU dédiés à l’intelligence artificielle. L’objectif est toujours le même: rapatrier une partie de la production des composants les plus avancés. Contrairement à son prédécesseur, le président américain ne mise pas sur des subventions publiques, mais sur le rapport de force.


Face à OpenAI, Anthropic continue de lever des milliards de dollars

L’opération était sur les rails depuis plusieurs mois. Lundi, Anthropic a officialisé une nouvelle levée de fonds, d’un montant de 3,5 milliards de dollars. Malgré les doutes provoqués par les avancées de DeepSeek, la start-up américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle générative a attiré de nouveaux investisseurs. Elle a même récolté davantage qu’initialement espéré. Et elle a porté sa valorisation à 61,5 milliards de dollars, soit moitié plus que ses ambitions initiales. Entre-temps, Anthropic a aussi récolté quatre milliards auprès d’Amazon, et un milliard auprès de Google. Ces sommes gigantesques doivent lui donner les moyens de poursuivre le développement de ses grands modèles de langage, en augmentant encore sa puissance de calcul informatique. La société évoque aussi la volonté de se développer à l’international.


Malgré le lancement d’un nouveau GPU, les doutes s'accumulent autour de Nvidia

Il y a quelques mois, les résultats financiers de Nvidia auraient probablement été accueillis avec enthousiasme par Wall Street. Au quatrième trimestre, le géant des cartes graphiques a dépassé les attentes, avec un chiffre d’affaires record de 39,3 milliards de dollars, en hausse de 78%, et des profits de 22,1 milliards. Mais une partie des investisseurs doutent désormais que la demande future pour ses puces dédiées à l’intelligence artificielle générative justifie encore une capitalisation boursière de 3.000 milliards de dollars. Car les signaux d’alerte s’accumulent. Le déploiement de l’IA dans les entreprises ne décolle pas. Les restrictions d’exportation de GPU pourraient être renforcées. Et les avancées de DeepSeek semblent démontrer qu’il est possible de concevoir des modèles compétitifs sans une immense puissance de calcul.


Crédit photos: UK Government - Flick / Marco Verch

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Par Jérôme Marin

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