Les pertes d'OpenAI, la chute d'Ynsect, les "PC AI" cherchent leur public

Et aussi: Epic attaque Google - Les lunettes de Meta

Cafétech
5 min ⋅ 04/10/2024

Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.

Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

OpenAI anticipe cinq milliards de dollars de pertes

Les pertes sont aussi spectaculaires que le succès de ChatGPT. Et soulignent le difficile modèle économique de l’intelligence artificielle générative, plombée par les coûts de développement et de fonctionnement des modèles. Selon des documents consultés par le New York Times, OpenAI s’attend en effet à perdre cinq milliards de dollars cette année. Le pionnier du secteur va pourtant enregistrer une forte croissance de son chiffre d’affaires, qui devrait atteindre 3,7 milliards. Mais ses dépenses se sont aussi envolées. Ce déficit abyssal, qui n’inclut même pas les coûts liés à la rémunération en actions des employés, pourrait expliquer la volonté de mener une nouvelle levée de fonds. D’un montant attendu de 6,6 milliards de dollars, celle-ci a été officialisée mercredi, sur la base d’une valorisation de 150 milliards.

7 milliards pour Microsoft – Les derniers modèles d’IA générative nécessitent une importante puissance informatique, qu’OpenAI va chercher auprès d’Azure, la plateforme de cloud de Microsoft, son principal actionnaire et soutien financier. D’abord, pour la phase d’entraînement qui s’effectue, pendant plusieurs mois, à l’aide de supercalculateurs équipés de centaines ou de milliers de cartes graphiques. Et ensuite, pour l’inférence: leur exécution pour créer des textes, des images ou des voix. La facture peut alors grimper rapidement à mesure que les services gagnent en popularité. Avec 350 millions d’utilisateurs actifs par mois, ChatGPT représente ainsi des dépenses astronomiques pour OpenAI. Malgré des tarifs préférentiels négociés avec Microsoft, la start-up devrait ainsi lui verser sept milliards de dollars en 2024.

Hausse des prix – Sur les 3,7 milliards de dollars de recettes, 2,7 milliards proviennent des abonnements payants de ChatGPT. Le robot conversationnel compte plus de dix millions de clients à son offre Plus, qui permet d’accéder aux dernières fonctionnalités, rapporte The Information. S’y ajoutent un million d’utilisateurs à l’offre destinée aux grandes entreprises. Le milliard de dollars restant est généré par les interfaces de programmation qui permettent aux développeurs d’utiliser les modèles d’OpenAI. La start-up anticipe une forte accélération de ses recettes. Elle vise 11,6 milliards l’an prochain, puis 100 milliards en 2029. Une partie de cette croissance viendra d’une hausse des tarifs. ChatGPT Plus devrait passer de 20 à 22 dollars par mois d’ici à la fin de l’année. Avant de coûter 44 dollars dans cinq ans.

Nouveau statut – Cette stratégie semble risquée, alors que la concurrence s’intensifie sur le marché, avec des rivaux qui comblent petit à petit leur retard. Mais OpenAI espère mettre en avant les gains de productivité obtenus avec des IA encore plus puissantes. Elle compte aussi probablement sur des tarifs aussi élevés chez la concurrence. La société n’aura de toute façon peut-être pas le choix pour compenser les coûts d’inférence, qui empêchent des économies d’échelle. Et également pour atteindre les objectifs financiers qu’elle fait miroiter à ses nouveaux investisseurs. Pour y parvenir, elle prévoit aussi de modifier sa structure juridique, au cœur des conflits qui ont éclaté l’an passé. OpenAI devrait ainsi se défaire de la supervision par un conseil à but non lucratif et adopter un statut qui ne restreint plus ses profits.

Vague de départs – Dans le cadre de ce changement, Sam Altman pourrait recevoir une part du capital. Plusieurs médias évoquent le chiffre de 7%, que l’intéressé a indirectement démenti. Soutenu par l’ensemble des employés lors de son éviction, le patron d’OpenAI ne semble plus faire l’unanimité en interne. On lui reproche de plus être impliqué au quotidien. Ou encore de délaisser tous les garde-fous de sécurité, à l’image du lancement précipité de son modèle GPT-4o en mai, à la veille d’une conférence de Google. Depuis le début de l’année, une vingtaine de dirigeants de la société ont quitté leur poste. La dernière en date: Mira Murati, la très respectée directrice de la technologie, qui explique vouloir “mener sa propre exploration”. Dans la foulée, deux responsables de la recherche ont également présenté leur démission.

Pour aller plus loin:
– La face cachée d’OpenAI, rattrapé par de multiples polémiques
– Comment la course aux profits s’est imposée dans l’intelligence artificielle


| EN BREF |

Plombé par de lourdes pertes, Ynsect se place sous procédure de sauvegarde

Les signaux semblaient positifs. Mais la réalité financière a fini par rattraper Ynsect, un mois seulement après avoir franchi une étape majeure dans son développement industriel. La semaine dernière, le spécialiste de l’élevage de vers de farine s’est en effet placé sous procédure de sauvegarde devant le tribunal de commerce d’Evry, ce qui va lui permettre de suspendre ses créanciers pendant au moins six mois. Le temps, espère-t-il, de concrétiser des “discussions avancées avec un certain nombre d’investisseurs”. Bientôt à court de liquidités, la start-up affiche des pertes colossales. Et elle n’a plus les moyens de poursuivre son projet d’usine et d’assumer ses immenses dettes. Elle paie des ambitions visiblement trop grandes, une approche financière hasardeuse et aussi plusieurs revirements stratégiques.


Microsoft cherche à susciter l'intérêt pour ses PC optimisés pour l'IA

Présentés en grande pompe au printemps par Microsoft, les “PC IA” n’ont pas bouleversé le marché. Et pour cause: leurs fonctionnalités d’intelligence artificielle générative, qui constituent leur principal argument marketing, sont encore extrêmement limitées, voire complètement gadgets. Mardi, le concepteur de Windows a donc introduit de nouveaux outils pour susciter l’intérêt des acheteurs. Il s’agit notamment d’une barre d’outils interactive qui s’adapte au contenu affiché à l’écran, de la possibilité d’augmenter la résolution d’une photo ou encore d’éditer un cliché avec de l’IA. Microsoft va aussi déployer sa fonctionnalité Recall, un historique géant de tout ce qui a été vu ou fait, permettant de retrouver facilement des informations. Son lancement avait été repoussé en raison de craintes sur la protection des données.


Epic accuse Google et Samsung d'entente contre sa boutique d'applications

Epic Games poursuit son combat. Après avoir obtenu l’an passé une première victoire judiciaire contre Google, le développeur du populaire jeu vidéo Fortnite a déposé une nouvelle plainte contre le moteur de recherche devant la justice californienne. Cette fois-ci, il cible aussi Samsung. Il accuse les deux groupes de s’être entendus pour bloquer le développement de sa boutique d’applications, officiellement lancée en août. Il n’apporte cependant aucune preuve, se contentant de citer des coïncidences qu’il considère comme troublantes. Son patron Tim Sweeney l’a d’ailleurs reconnu au cours d’une conférence de presse, mais il espère trouver des éléments compromettants lors de la phase de “discovery”, pendant laquelle Google et Samsung devront produire des documents, comme les conversations entre leurs dirigeants.


Meta dévoile ses premières lunettes de réalité augmentée

Après des années d’investissements et des milliards de dollars dépensés, Mark Zuckerberg a enfin pu lever le voile sur son projet Orion, son premier prototype de lunettes de réalité augmentée. Une technologie qui pourrait, espère le patron de Meta, remplacer un jour les smartphones. Le chemin est encore long: au moins trois ans seront nécessaires pour aboutir à un modèle grand public, suffisamment confortable pour être porté tous les jours et pouvant être proposé à un prix raisonnable. Cette première présentation est cependant importante pour la maison mère de Facebook. Non seulement elle vise à justifier, devant Wall Street, ses énormes investissements. Mais aussi à susciter l’intérêt des développeurs, alors que les premières tentatives pour démocratiser la réalité augmentée n’ont pas été très concluantes.


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Crédit photos: Unsplash / Rolf van Root - Ynsect

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Par Jérôme Marin

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