Et aussi: Le "28ème régime" à la rescousse des start-up européennes - Le lobbying gagnant de Meta
Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.
Bonne lecture et bon week-end.
“L’outil IA le plus impressionnant que j’ai jamais essayé”. Victor Mustar, responsable produit de la bibliothèque de modèles Hugging Face, s’est joint ce week-end au concert de louanges envers Manus AI. Dévoilé la semaine dernière dans une courte vidéo, il ne s’agit pas d’un simple chatbot. Mais d’un véritable agent d’intelligence artificielle générative, capable, sur le papier, de planifier et d’exécuter des tâches complexes sans supervision humaine. Une première alors que le secteur commence, à peine, à basculer dans cette direction. Les plus enthousiastes n’hésitent pas à évoquer un deuxième “moment DeepSeek”, en référence à la start-up chinoise éponyme qui a bousculé les certitudes fin janvier en concevant un modèle très performant sans utiliser d’importantes ressources informatiques. D’autres y voient même une étape encore plus importante.
C’est une simple virgule dans un document de 66 pages. Mais une virgule qui va faire perdre des milliards d’euros à Apple en Europe. À partir du 23 juin, la société de Cupertino ne pourra plus prélever de commissions sur les transactions externes réalisées depuis un iPhone ou un iPad. Autrement dit: tous les développeurs d’applications pourront rediriger leurs utilisateurs vers un site Internet pour réaliser un achat ou souscrire à un abonnement, sans avoir à reverser le moindre centime. Ce coup de tonnerre, qui intervient juste après une décision défavorable aux États-Unis, est le résultat d’une bataille syntaxique de plusieurs mois avec la Commission européenne pour déterminer le sens exact d’un article du Digital Markets Act, qui vise à renforcer la concurrence dans le numérique. Fin avril, Apple a déjà été condamné à une amende de 500 millions d’euros.
Nouvelles commissions – Entré en vigueur l’an passé, le DMA acte l’interdiction de la pratique dite d’anti-steering, mise en place par Apple depuis le lancement de l’App Store. Celle-ci obligeait les développeurs à utiliser sa plateforme de paiement. Et à lui reverser 15% ou 30%. Sur le papier, le groupe y a renoncé, même si Bruxelles dénonce toujours des restrictions “techniques et commerciales”. Mais il n’a pas renoncé à sa rémunération, la fixant d’abord à 12% ou 27% sur les achats réalisés pendant sept jours après la redirection. Il a depuis annoncé un système assez complexe, avec des frais pouvant aller jusqu’à 25% sur les transactions au cours des douze mois suivant l’installation ou la mise à jour d’une application. Pour l’Europe, ces commissions ne vont pas seulement “au-delà de ce qui est strictement nécessaire”, comme indiqué il y a un an. Elles sont contraires au DMA.
Interprétation – Les divergences d’interprétation entre Apple et Bruxelles portent sur l’article 5.4. Dans sa version anglaise, celui-ci explique que le contrôleur d’accès (le nom donné par la Commission aux sept géants du numérique qui sont soumis au DMA) “permet, gratuitement, aux entreprises utilisatrices de communiquer et de promouvoir leurs offres, y compris à des conditions différentes […], et de conclure des contrats avec ces utilisateurs finaux”. Cette interminable phrase laisse planer un doute: sur quels verbes s’applique le “gratuitement”. Apple estime qu’il ne concerne que “communiquer” et “promouvoir”, c’est-à-dire la possibilité d’insérer des liens de redirection dans une application. Mais pas “conclure des contrats”, c’est-à-dire réaliser un achat. Ainsi, la société juge qu’elle peut toujours prélever des commissions sur ces transactions externes.
Virgule – L’interprétation de l’exécutif européen est différente: la conclusion des contrats doit aussi être gratuite. Il s’appuie sur la présence d’une virgule avant la formule “et de conclure des contrats”. Cela signifie qu’il s’agit d’une “énumération et que le terme ‘gratuitement’ s’applique à l’ensemble des éléments énumérés par la suite”, indique-t-il dans sa décision détaillée envoyée à Apple dans le cadre de l’amende de 500 millions d’euros, et qui a été rendue publique la semaine dernière. “Autrement dit, le prix que doivent payer les développeurs d’applications pour les achats externes est nul”, poursuit la Commission. Son argumentaire pourrait cependant être affaibli par des incohérences dans les traductions du texte en français et en allemand, qui sont “ambiguës”. Mais “d’autres versions linguistiques ne laissent aucune place à l’interprétation”.
Les marchés financiers tanguent, l’immobilier se tasse, les taux jouent aux montagnes russes. Dans ce contexte incertain, une autre voie se dessine: l’art. Depuis plusieurs années, les collectionneurs ne sont plus seuls à scruter les galeries et les ventes aux enchères. Les investisseurs y voient aussi une opportunité stratégique.
Loin des clichés, l’art contemporain n’est plus réservé aux initiés. Il est aujourd’hui une véritable classe d’actifs, portée par un marché globalisé, liquide, et en pleine croissance. Une autre manière de diversifier votre patrimoine, tout en misant sur la puissance culturelle d’un actif tangible et singulier. Pour ceux qui savent où regarder, les opportunités sont réelles.
Matis propose une approche inédite: investir dans des œuvres d’art rigoureusement sélectionnées, à travers des club-deals dès 20.000 euros. Depuis mai 2023, 58 œuvres ont été financées via Matis, dont 11 revendues, pour une performance nette moyenne de 15,8%* et une durée moyenne d’investissement de 8 mois. À noter: ces performances passées ne présagent pas des performances futures.
L’investissement dans des actifs non cotés présente un risque de perte partielle ou totale du capital investi.
*Données actualisées au 5 juin 2025. Performance nette investisseur : montant reversé à l’investisseur, net de tout frais et brut de fiscalité, qui correspond à la différence entre le prix de cession de l’œuvre et son montant d’acquisition, auquel sont retranchés les frais afférents à la commission de la galerie, les taxes et les frais de Matis.
En 2017, Mark Zuckerberg n’avait pas hésité à renvoyer avec fracas Palmer Luckey, le fondateur du fabricant de casques de réalité virtuelle Oculus, qu’il avait racheté pour deux milliards de dollars trois ans plus tôt. Le voilà désormais qui s’affiche tout sourire à ses côtés. La semaine dernière, Meta a officialisé un partenariat avec la start-up Anduril afin de concevoir des lunettes de réalité augmentée pour les soldats américains. Cette alliance, improbable il y a quelques mois, symbolise le virage radical de la maison mère de Facebook. Non seulement celle-ci ne cesse de se rapprocher de la galaxie Trump – Palmer Luckey est un soutien de la première heure du président américain, tout comme Peter Thiel, principal investisseur d’Anduril –, mais elle souhaite aussi désormais travailler pour les armées, un sujet longtemps tabou dans la Silicon Valley.
La feuille de route se veut “ambitieuse”. Et les objectifs affichés volontairement démesurés. La semaine dernière, la Commission européenne a dévoilé un plan d’action baptisé Choose Europe to Start and Scale, qui vise à faire du continent “le meilleur endroit au monde pour démarrer et développer une entreprise”, avance Ekaterina Zaharieva, la commissaire aux start-ups, à la recherche et à l’innovation. Au-delà des effets d’annonce, une mesure est particulièrement plébiscitée au sein de l’écosystème tech: le “28ème régime”. Il s’agit d’une structure juridique supranationale qui doit permettre de créer facilement une société pouvant exercer partout sur le continent. Bruxelles souhaite aussi dérouler un “tapis bleu” aux talents. Et débloquer dix milliards d’euros pour combler les lacunes du financement des start-up matures par les fonds privés.
L’offensive peut sembler paradoxale. Ces dernières semaines, Meta s’est lancé dans une grande opération de communication pour demander à l’Europe de mettre en place “une réglementation exigeant la vérification de l’âge et un accord parental” sur les boutiques d’applications mobiles. Pourtant, la maison mère de Facebook et d’Instagram est généralement vent debout contre tout projet d’encadrement à Bruxelles. Et elle aurait aussi beaucoup à perdre d’une telle mesure: il serait alors beaucoup plus difficile pour les adolescents de moins de 13 ans (voire encore plus âgés, en fonction des législations locales) d’utiliser ses deux réseaux sociaux. Mais ce scénario serait en réalité un moindre mal pour la société: il lui éviterait d’endosser la responsabilité juridique de contrôler, elle-même, l’âge. Et d’être sanctionnée en cas de manquements.
Apple a multiplié les déclarations incendiaires pour cibler le Digital Markets Act. Le groupe à la pomme va désormais pouvoir tester ses arguments devant la justice. Sans surprise, il vient de faire appel des deux procédures engagées l’an passé par la Commission européenne, portant sur ses obligations d’interopérabilité. Celles-ci imposent “un processus déraisonnable, coûteux et néfaste pour l’innovation”, explique la société. Et elles représentent un “risque majeur pour la vie privée et la sécurité” de ses utilisateurs, poursuit-elle, assurant que des entreprises “ont déjà demandé à accéder aux données les plus sensibles”. L’affaire va désormais être examinée par le Tribunal de l’Union européenne, puis probablement par la Cour de justice, la plus haute juridiction du continent. L’application des remèdes réclamés par Bruxelles n’est cependant pas suspendue.
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