Et aussi: La Silicon Valley se prosterne devant Trump - Klarna entre en Bourse
Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.
Bonne lecture et bon week-end.
Le montant est pharaonique, à la hauteur des ambitions démesurées de Sam Altman dans l’intelligence artificielle générative. Selon le Wall Street Journal, OpenAI vient de signer un contrat record pour entraîner et faire tourner ses modèles d’IA sur la plateforme de cloud d’Oracle. Son montant: 300 milliards de dollars sur cinq ans. Cet engagement historique scelle une alliance tissée depuis un an entre les deux entreprises. Il semble s’articuler autour de la construction, annoncée en juillet, de nouveaux centres de données capables de fournir 4,5 gigawatts de puissance – l’équivalent de la consommation d’une ville de quatre millions d’habitants. Le contrat pourrait également se substituer, au moins en partie, au projet Stargate, dévoilé en grande pompe en janvier avec une enveloppe de 500 milliards, mais resté depuis au point mort faute de financement.
Distance avec Microsoft – En s’alliant à Oracle, le concepteur de ChatGPT accélère sa prise de distance avec Microsoft. Depuis 2019, il s’appuyait uniquement sur Azure, la plateforme cloud du géant de Redmond, en vertu d’une clause négociée lorsque ce dernier avait injecté plusieurs milliards de dollars dans la start-up. L’an passé, sur fond de tensions entre les deux partenaires, Sam Altman a dénoncé un manque de puissance de calcul, freinant le développement de nouveaux modèles. Il a finalement obtenu la levée de cette exclusivité. Dans la foulée, OpenAI s’est rapproché d’Oracle, avec lequel il construit déjà un data center dans le Texas – qui contrairement à ce qu’affirme l’entreprise ne relève du projet Stargate, dans lequel est aussi associé le japonais Softbank. Elle a aussi signé un contrat, beaucoup plus modeste, avec Google.
Puce maison – Parallèlement, OpenAI s’est associé à Broadcom pour développer son tout premier accélérateur dédié à l’intelligence artificielle générative, rapporte la presse anglo-saxonne. L’accord se chiffre à dix milliards de dollars. La production doit débuter l’été prochain. La start-up imite ainsi Google, Amazon, Microsoft ou encore Meta. Son objectif n’est pas de remplacer les puissantes cartes graphiques de Nvidia, indispensables pour entraîner les nouveaux modèles d’IA, mais de répondre à certains besoins spécifiques. Cette initiative doit permettre de réduire les coûts et la dépendance à Nvidia. OpenAI et Broadcom collaborent sur ce projet depuis environ un an, d’après l’agence Reuters. La start-up vedette de l’IA a recruté une équipe de plusieurs dizaines de personnes, notamment d’anciens ingénieurs qui ont travaillé sur les puces d’IA de Google.
115 milliards – Ces puces pourront être déployées dans les centres de données d’Oracle. Le contrat signé avec OpenAI doit débuter en 2027. Il pourrait se chiffrer à 30 milliards de dollars la première année, avant de monter en puissance. OpenAI ne dispose pas de tels moyens. Certes, la start-up a déjà levé des dizaines de milliards, mais une grande partie de cette somme servira à compenser les lourdes pertes qu’elle s’attend à enregistrer. Même si son chiffre d’affaires augmente – il a atteint 12 milliards de dollars en rythme annualisé cet été –, cela ne suffira pas. L’entreprise aura très certainement besoin de nouveaux financements. Dans un document présenté aux investisseurs, obtenu par The Information, OpenAI indique qu’elle s’attend à consommer 115 milliards de dollars de trésorerie d’ici à 2029, soit 80 milliards de plus que la précédente estimation.
Pour aller plus loin:
– OpenAI va lever jusqu’à 40 milliards de dollars, un record
– Pourquoi OpenAI recrute la Française Fidji Simo pour épauler Sam Altman
Ce n’était qu’une question de temps. Surfant toujours sur la vague de l’intelligence artificielle générative, Mistral AI a pulvérisé mardi deux records de la French Tech. Non seulement la start-up a bouclé une levée de fonds de 1,7 milliard d’euros, mais elle est aussi la première à dépasser la barre symbolique des dix milliards de valorisation, à 11,7 milliards. Avec cette opération, Mistral promet de “continuer à repousser les frontières de l’IA”, se dotant de moyens financiers pour accroître sa puissance de calcul dans la course vers la “superintelligence”. L’entreprise reste encore très loin de la force de frappe des géants américains. Mais son objectif n’est pas de rivaliser directement avec eux, mais plutôt d’offrir des modèles suffisamment compétitifs pour représenter une alternative crédible aux entreprises et administrations européennes.
L’amende devait être “modeste” et l’annonce reportée de quelques semaines, assuraient les dernières indiscrétions venant de Bruxelles. C’est donc contre toute attente que la Commission européenne a décidé de frapper fort contre Google. Vendredi, elle lui a infligé une amende de 2,95 milliards d’euros – la deuxième plus importante amende de l’histoire – pour avoir abusé de sa position dominante sur le marché de la publicité programmatique. Et elle a menacé d’imposer un démantèlement de la machine publicitaire du géant de Mountain View, une option qui semblait aussi avoir été écartée. “À ce stade, il semble que la seule façon pour Google de mettre effectivement fin à son conflit d’intérêts soit une mesure structurelle, comme la cession d’une partie de son activité adtech”, souligne Teresa Ribera, la nouvelle commissaire européenne à la concurrence
La scène en dit long sur l’allégeance de la Silicon Valley à Donald Trump. Jeudi soir, au cours d’un dîner organisé à la Maison Blanche, le président américain se tourne vers Mark Zuckerberg pour lui demander combien Meta va investir aux États-Unis pendant son mandat. Hésitant, le patron du réseau social finit par dire “au moins 600 milliards”. La séquence aurait pu s’arrêter là. Mais, sans savoir que son micro est encore allumé, il s’excuse: “désolé, je n’étais pas prêt, je ne savais pas quel montant vous souhaitiez”. D’autres grands patrons de la tech américaine ont participé à ce nouvel exercice de communication, huit mois après leur présence très médiatisée au premier rang lors de la cérémonie d’investiture de Donald Trump. Tour à tour, devant les caméras, ils ont multiplié les éloges de leur hôte, parfois sans donner l’impression d’y croire véritablement.
Quatre ans après ses premières ambitions boursières, Klarna a finalement fait ses débuts mercredi sur le New York Stock Exchange. Le spécialiste suédois du “achetez maintenant, payez plus tard” a conclu sa première journée de cotation sur une hausse de 15%. Sa capitalisation s’élève ainsi à 20 milliards de dollars, soit 8 milliards de moins que son rival américain Affirm. C’est aussi très loin de la valorisation de 46 milliards – un record pour une start-up européenne – touchée en 2021, en pleine euphorie post-Covid, lors d’une levée de fonds menée par Softbank. Rattrapé par la fin de l’argent facile, Klarna a traversé des années difficiles, contraint de licencier et d’accepter une forte décote de sa valeur pour faire face à ses pertes. Ses performances opérationnelles se sont depuis nettement améliorées, renouant même avec les profits en début d’année.
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Crédit photos: Oracle - Vivatech