Et aussi: 23andMe fait faillite – Les bons chiffres en trompe-l'oeil de X
Ce samedi, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.
Bonne lecture et bon week-end.
Tim Cook n’a pas perdu de temps. Quelques jours après le report officiel du lancement du nouveau Siri, le directeur général d’Apple a procédé la semaine dernière à une réorganisation interne. Le projet a été retiré à John Giannandrea, le chef de l’intelligence artificielle du groupe à la pomme, rapporte l’agence Bloomberg. Il a été confié à Mike Rockwell, qui dirigeait la division dédiée au casque de réalité augmentée Vision Pro. Le responsable rendra compte directement à Craig Federighi, le grand patron des logiciels chez Apple, qui ne supervisait jusqu’à présent pas la refonte de Siri. Annoncée en juin, celle-ci devait permettre à l’assistant vocal de rentrer dans l’ère de l’IA générative. Initialement attendue en avril, sa sortie n’interviendra pas avant l’automne. Elle pourrait même être encore retardée si Apple décide de repartir d’une feuille blanche.
Retard au démarrage – Ancien responsable de l’IA chez Google, John Giannandrea avait été débauché en 2018 pour permettre à la société de Cupertino de prendre le virage du machine learning – des algorithmes capables d’apprendre seuls, pour reconnaître des chats sur une photo ou pour suggérer une réponse à un e-mail. Mais le lancement spectaculaire de ChatGPT a rebattu toutes les cartes. Si ses dirigeants s’en défendent, Apple semble ne pas avoir anticipé les conséquences de l’essor de l’IA générative, accumulant donc du retard sur OpenAI, Google ou Meta. Mike Rockwell présente un profil très différent, celui d’un ingénieur spécialisé dans le hardware, sans véritable expérience dans l’IA. Il a cependant la réputation de pouvoir mener des projets complexes, à l’image du Vision Pro, prouesse technologique à défaut d’être un succès commercial majeur.
Propres modèles – Sous pression pour démontrer sa capacité à suivre la cadence, Apple a dévoilé le nouveau Siri en juin, lors de sa conférence WWDC. En réalité, les fonctionnalités présentées n’étaient pas opérationnelles. Neuf mois plus tard, elles ne le sont toujours pas. L’assistant devait notamment être capable de chercher dans les informations personnelles pour répondre à des questions précises. Cela “implique un immense travail d’ingénierie”, souligne l’analyste Benedict Evans. Et le groupe s’est rendu la tâche encore plus complexe. Au lieu d’utiliser des modèles de langage existants, comme GPT d’OpenAI ou Gemini de Google, il a préféré développer les siens. Cela devait lui permettre de mieux contrôler l’expérience utilisateur et d’éviter de rémunérer un partenaire. Mais concevoir des modèles est une tâche particulièrement longue et difficile.
Moins de puissance – Pour ne rien arranger, Apple s’est imposé une deuxième contrainte: le nouveau Siri doit tourner en local, c’est-à-dire en utilisant le processeur de l’iPhone sans aller chercher du calcul supplémentaire dans le cloud. L’intérêt est double: l’assistant peut fonctionner hors connexion et il ne nécessite pas une immense infrastructure informatique. La contrepartie, c’est que la puissance à disposition du modèle est beaucoup moins importante, limitant sa faculté à gérer des requêtes complexes. Pour l’instant, le report de Siri est davantage un désaveu d’image qu’un problème commercial. “Personne ne propose ce qu’Apple a promis, même pas Google”, note Benedict Evans. Mais le retard pris aujourd’hui pourrait s’accumuler. Contrairement à l’époque du machine learning, celui-ci serait alors beaucoup plus visible pour les utilisateurs.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi les ventes d’iPhone continuent de baisser
– Amazon mise sur l’IA générative pour relancer son assistant Alexa
L’utilisation gratuite des réseaux sociaux doit-elle être assujettie à la TVA ? La question paraît saugrenue. Elle pourrait pourtant coûter très cher à Meta, LinkedIn et X (l’ex-Twitter). En Italie, l’administration fiscale leur réclame en effet plus d’un milliard d’euros de taxes impayées, estimant que l’inscription à leur service correspond à un échange commercial: la gratuité contre des données personnelles pouvant être monétisées grâce à la publicité. Selon Reuters, une partie de cette facture vient de leur être adressée, faute d’accord à l’amiable. Les trois groupes américains peuvent encore faire appel devant la justice. Particulièrement complexe, le dossier dépasse les frontières: si Bruxelles valide la vision italienne, celle-ci s’appliquerait alors partout en Europe. Et remettrait en cause le modèle économique des réseaux sociaux.
C’est un contrat qui ne pouvait pas mieux tomber pour CoreWeave. Mi-mars, juste après avoir officiellement déclenché son processus d’introduction en Bourse, la plateforme de cloud spécialisée dans l’intelligence artificielle générative a officialisé un partenariat avec OpenAI. Son montant: 11,9 milliards de dollars sur cinq ans. Au-delà du prestige, cet accord avec le créateur de ChatGPT doit aussi rassurer les investisseurs de Wall Street. Certes, l’entreprise affiche une spectaculaire progression de son chiffre d’affaires, portée par l’insatiable demande de capacités de calcul pour entraîner et faire tourner des modèles d’IA. Mais son activité affichait aussi une inquiétante dépendance à Microsoft, son principal client. Et sa situation financière reste fragile, en raison d’un niveau d’endettement particulièrement élevé.
C’est une gigantesque base de données de plus de quinze millions de profils génétiques qui sera bientôt vendue au plus offrant. Englué dans une grave crise financière, 23andMe s’est en effet placé dimanche sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Objectif affiché: trouver un repreneur, pour tout ou partie de ses actifs, au cours des 45 prochains jours. “L’acheteur devra se conformer à la législation applicable en matière de traitement des données des clients”, promet le spécialiste des tests ADN à usage récréatif. Mais celui-ci n’est soumis à aucune réglementation sur l’utilisation des profils génétiques. Son éventuel repreneur sera donc libre de monétiser comme il le souhaite cette base. En Californie, les autorités recommandent d’ailleurs aux clients de la société de demander la suppression de leurs données.
Ce serait une première depuis son rachat par Elon Musk en novembre 2022. Cette année, X devrait enregistrer une progression de ses recettes publicitaires dans le monde, prédit le cabinet eMarketer, qui fait référence dans le secteur. Celles-ci devraient se chiffrer à 2,3 milliards de dollars, dont 1,3 milliard aux États-Unis, soit une progression de 16% par rapport à l’an passé. “Il est trop tôt pour parler de rebond, nuance cependant l’analyste Jasmine Enberg. Malgré cette croissance, les revenus publicitaires resteront inférieurs à ceux de Twitter en 2019″. Parallèlement, l’ancien Twitter a enregistré en 2024 une nette amélioration de ses performances financières, au moins sur le papier. Et il vient de lever un milliard de dollars auprès d’investisseurs, retrouvant, là aussi sur le papier, une valorisation équivalente à son prix d’achat.
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Photos: Apple - Unsplash / Brett Jordan