Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.
Cafétech fait une pause d’une semaine. Prochaine édition: lundi 28 octobre.
Bonne lecture et bon week-end.
| GRAND ANGLE |
Une attaque “délibérée” contre les start-up: la French Tech entre dans une nouvelle ère
La French Tech redoutait d’être touchée par une “balle perdue”. Elle a finalement été directement ciblée par le nouveau gouvernement. Dans le projet de budget, présenté jeudi, deux dispositifs pour les start-up sont en effet supprimés. Un véritable coup de massue pour tous ceux qui se croyaient à l’abri. Et le symbole de la fin d’une ère, celle d’une “start-up nation” chouchoutée par un gouvernement qui ne cessait d’utiliser ses réussites, tel le cap de 25 licornes, comme un argument électoral. Qu’importent les justifications de Clara Chappaz, la nouvelle secrétaire d’Etat à l’intelligence artificielle et au numérique, lancée vendredi dans le service après-vente. Qu’importe sa promesse de laisser la porte ouverte à des ajustements pendant les débats parlementaires. Le soutien inconditionnel à la French Tech s’est fracassé sur les arbitrages budgétaires.
Charges patronales – Concrètement, le gouvernement ne souhaite pas prolonger le crédit d’impôt innovation, qui permet aux entreprises de moins de 250 personnes de déduire de leurs impôts 30% des dépenses de “conception de prototypes ou d’installations pilotes de produits nouveaux”. Selon l’association France Digitale, ce dispositif est utilisé par 45% des start-up. Surtout, le projet de budget prévoit une suppression de l’exonération des charges patronales pour les “jeunes entreprises innovantes”, un statut accordé aux sociétés de moins de 250 salariés qui investissent plus de 15% de leurs dépenses dans la recherche et développement. La moitié des start-up en bénéfice. “À deux mois du bouclage de leur budget 2025, on leur enlève 400.000 euros”, déplore Marianne Tordeux Bitker, la responsable des affaires publiques de France Digitale.
Les grands groupes épargnés – Ces choix budgétaires interpellent la French Tech. Ils “pourraient marquer un tournant pour notre écosystème d’innovation”, craint Philippe Corrot, le patron de Mirakl, notamment en envoyant un mauvais signal aux investisseurs internationaux. France Digitale redoute leur impact sur les créations d’emploi et la trésorerie des entreprises, dans un contexte déjà difficile pour les levées de fonds. Un autre acteur du secteur regrette, lui, la volonté “délibérée” de viser les start-up quand d’autres mesures auraient pu permettre de réaliser des économies similaires (300 millions d’euros pour le statut JEI). En particulier, des ajustements du crédit d’impôt recherche qui bénéficie surtout aux grandes entreprises, profitant d’un effet d’aubaine. Et qui coûte plus de sept milliards par an à l’Etat.
Plus la priorité ? – Entre incompréhension et colère, la French Tech organise déjà la riposte. Plusieurs personnalités travaillent ainsi avec le député macroniste Paul Midy, qui promet de proposer des amendements. Mais avec quelle réussite ? Ces efforts pourraient se heurter à la réalité: l’image des start-up reste fortement associée à celle d’Emmanuel Macron. Leurs préoccupations ne fait pas partie des priorités de la nouvelle Assemblée nationale. Voire du gouvernement, au sein duquel le secrétariat d’Etat au numérique figure en dernière position de l’ordre protocolaire. Dans une interview au Figaro, Clara Chappaz semble d’ailleurs entériner d’ores et déjà le début d’une nouvelle ère pour la French Tech, dopée aux aides et investissements publics: elle “ne peut pas être financée qu’à travers le soutien de l’État”.
Pour aller plus loin:
– Les incertitudes politiques fragilisent encore un peu plus la French Tech
– Après la chute des levées de fonds, la French Tech veut croire à un rebond
PARTENAIRE
De l’âge de pierre à l’IA: avec Nexus, plongez dans l’histoire des réseaux d’information
Dans Nexus, Yuval Noah Harari, l'auteur visionnaire de Sapiens, retrace comment les réseaux d’information ont fait et défait notre monde. Des premières civilisations à l'âge de l'intelligence artificielle, il analyse comment la circulation de l'information a façonné nos sociétés, nos croyances et nos systèmes politiques. Alors que nous faisons face à des crises globales, comme l'effondrement écologique et l'avènement de l'IA, l’ouvrage pose une question essentielle: pourquoi, malgré nos prouesses technologiques, sommes-nous si souvent nos propres ennemis ?
À travers des exemples historiques variés, Nexus plonge au cœur de la lutte entre vérité et pouvoir. Yuval Noah Harari éclaire les dilemmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui avec l’essor d’une intelligence non humaine. Et il explore comment l'information peut à la fois nous détruire et nous sauver, tout en redécouvrant ce qui fait notre humanité commune.
Ce livre d'une importance capitale arrive à un moment critique, alors que nous réfléchissons tous aux implications de l'IA et de la production automatisée de contenu. Magistral et provocateur. — Mustafa Suleyman, fondateur de Google DeepMind, directeur general de Microsoft AI
Ne manquez pas la conférence exceptionnelle de Yuval Noah Harari, jeudi 7 novembre de 19h30 à 21h à la Cité des sciences et de l'industrie à Paris, à l’occasion de la parution de son nouvel ouvrage.
| EN BREF |
Pourquoi l'IA pousse les géants du cloud à s'intéresser au nucléaire
Depuis plusieurs années, Google compense les émissions de CO2 de ses data centers en achetant de l’électricité solaire et éolienne. Mais devant l’explosion de sa consommation, pour alimenter ses ambitions dans l’intelligence artificielle générative, le moteur de recherche mise désormais sur le nucléaire. Lundi, il a officialisé un accord avec la start-up américaine Kairos Power, pour acheter l’électricité produite par ses futurs réacteurs modulaires. Suivant la même logique, Microsoft s’est associé, fin septembre, avec le géant de l’énergie Constellation afin de relancer la production dans la centrale, tristement célèbre, de Three Mile Island, interrompue en 2019 faute de modèle économique viable. Et Amazon prévoit de bâtir jusqu’à quinze centres de données, directement connectés à une autre centrale nucléaire.
Tesla présente le Cybercab, son projet de robot-taxi... sans lever les doutes
Avec son design futuriste, le Cybercab semble tout droit sorti d’un film de science-fiction. Malgré ses promesses, Elon Musk n’a pas encore prouvé que ce prototype de robot-taxi pouvait devenir réalité dans un avenir proche. Jeudi, au cours d’une présentation en grande pompe, depuis les studios hollywoodiens de Warner Bros, le patron de Tesla a en effet fourni peu de détails sur son ambitieux projet. Tout juste a-t-il laissé entrevoir un lancement “avant 2027”, pour un tarif inférieur à 30.000 dollars. Mais il n’a pas évoqué de récents progrès du système de conduite autonome du fabricant de voitures électriques, qui permettrait de combler ses lacunes actuelles. Et de franchir les obstacles réglementaires. Au-delà de la magnifique opération de communication, les interrogations sur sa feuille de route restent donc entières.
Les “superfans”, nouvelle vache à lait du streaming musical
Quand Lucian Grainge veut quelque chose, généralement, il finit par l’obtenir. À la tête d’Universal Music, la première maison de disques mondiale, le Britannique est considéré comme la personnalité la plus puissante du monde de la musique. Une influence qu’il compte bien mettre à profit pour imposer une nouvelle feuille de route pour le streaming musical. Avec un seul objectif: maintenir la trajectoire de croissance des recettes du secteur, tirée depuis une dizaine d’années par le succès des offres payantes. Celle-ci pourrait en effet être menacée par la maturité de certains marchés occidentaux, sur lesquels il est plus difficile d’attirer de nouveaux abonnés. Sa solution: monétiser davantage les “superfans” en leur vendant une nouvelle offre plus chère. Un tournant que s’apprête d’ailleurs à prendre Spotify.
Malgré l’euphorie autour de l’IA, ASML reconnaît avoir été trop optimiste
Dans la ruée vers l’or de l’intelligence artificielle générative, ASML fabrique les outils qui permettent de produire des pelles et des pioches. Ses machines de lithographie, sont en effet les seules à pouvoir graver les cartes graphiques de Nvidia, indispensables pour entraîner et faire tourner les derniers modèles. Pourtant, le groupe néerlandais n’affiche pas une santé financière insolente, à l’inverse du géant américain, proche de devenir la première capitalisation boursière mondiale. Mardi, il a ainsi abaissé ses prévisions de chiffre d’affaires pour 2025. Et il a fait état de prises de commandes deux fois plus faibles qu’attendu au troisième trimestre. “Malgré le potentiel de croissance dans l’IA, d’autres segments mettent plus de temps à se redresser”, reconnaît Christophe Fouquet, le nouveau patron français d’ASML.
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Crédit photos: Mission French Tech – Flickr / Paolo V