De la pub sur ChatGPT, Meta cherche sa voie, Apple attaque le DMA

Et aussi: La nouvelle attraction européenne de l’IA – La Californie encadre l'IA

Cafétech
5 min ⋅ 03/10/2025

Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.

Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

Publicité, e-commerce, réseau social... Comment OpenAI veut accélérer sa monétisation

Annoncées coup sur coup cette semaine, les deux initiatives symbolisent la volonté d’OpenAI d’accélérer la monétisation de l’immense audience de ChatGPT, au-delà des abonnements payants et de l’arrivée programmée de publicités dans les réponses. Objectif: ouvrir de nouveaux relais de croissance alors que ses pertes restent abyssales. Lundi, la start-up vedette de l’intelligence artificielle générative a d’abord ajouté la possibilité de réaliser des achats sans jamais quitter le chatbot, utilisé chaque semaine par 700 millions de personnes. Elle prélèvera des commissions, dont le taux n’est pas précisé, sur chaque transaction. Mardi, elle a dévoilé une nouvelle application mobile proposant de créer et partager de courtes vidéos générées par l’IA. Une plateforme à la TikTok qui pourrait à terme devenir un levier de recettes publicitaires.

Utilisateurs gratuits – Pour l’heure, OpenAI dispose de deux sources de revenus. D’un côté, ses API (interfaces de programmation), qui permettent aux développeurs d’intégrer ses modèles dans leurs propres services. De l’autre, ses abonnements, donnant accès à des fonctionnalités avancées et à des limites d’utilisation plus élevées. Au printemps, l’entreprise a franchi le cap des 20 millions de clients. Mais les utilisateurs gratuits ne lui rapportent rien, tout en générant des coûts importants d’inférence (le processus de génération des textes ou images). “Les gens riches paient pour donner un accès gratuit aux plus pauvres”, résume Sam Altman, le patron d’OpenAI. Selon The Information, la société prévoit a ainsi de consommer 8,5 milliards de dollars de trésorerie cette année, pour un chiffre d’affaires qui devrait grimper à 13 milliards, 3,5 fois plus que l’an passé.

Achats sur ChatGPT – Pour monétiser ses utilisateurs gratuits, OpenAI mise d’abord sur le commerce en ligne. Les chatbots commencent à transformer les habitudes des consommateurs, remplaçant peu à peu des recherches effectuées sur Google ou Amazon. Leur avantage: pouvoir répondre à des requêtes plus précises, tout en promettant d’offrir des recommandations personnalisées. Consciente du potentiel, la start-up a intégré en avril des suggestions de produits dans ses réponses, accompagnées de boutons “acheter” redirigeant vers des sites marchands. Aux États-Unis, les utilisateurs peuvent désormais finaliser leurs achats en quelques clics, directement sur ChatGPT. Pour l’instant, la fonctionnalité est réservée aux vendeurs de la plateforme Etsy, mais elle devrait bientôt s’étendre au million de commerçants utilisant les solutions e-commerce de Shopify.

Première étape – En optant pour un système de commissions, OpenAI adopte un modèle économique très différent de Google Shopping. Celui du moteur de recherche, lui, repose sur des produits sponsorisés: pour apparaître dans les premiers résultats, les e-commerçants doivent participer à des enchères. Sur ChatGPT, les recommandations de produits restent organiques, basées notamment sur les guides de sites spécialisés. L’entreprise promet aussi qu’elle ne donnera pas la priorité aux produits disponibles en achat direct, sur lesquels elle gagne de l’argent. Reste que le modèle doit encore faire ses preuves. Déjà testés par les réseaux sociaux, ce type d’achats n’ont pas rencontré le succès espéré. Ce pourrait cependant n’être qu’une première étape pour OpenAI en attendant l’essor du commerce agentique, permettant à ChatGPT d’effectuer des achats de manière autonome.

Bientôt des publicités ? – Parallèlement, le virage publicitaire d’OpenAI apparaît de plus en plus inéluctable. En juin, Sam Altman a reconnu qu’il n’y était “pas totalement opposé”, à condition de le mener “avec beaucoup d’attention”. Si les formats restent à définir, il promet de ne jamais modifier les réponses au profit d’un annonceur. Pour préparer ce changement, la société a nommé la Française Fidji Simo, ancienne de Meta, au poste de codirectrice générale. Elle a également recruté Kevin Weil comme directeur des produits, poste qu’il occupait chez Instagram au moment du déploiement des premières publicités. Et aussi embauché Shivakumar Venkataraman, un profil plus technique: il a été pendant six ans le responsable de l’ingénierie publicitaire de Google. Selon The Verge, OpenAI serait désormais à la recherche d’un responsable de la publicité.

Concurrencer TikTok – Baptisée Sora, du nom du modèle maison de génération de vidéos, l’application lancée par OpenAI poursuit un double objectif. À court terme, elle vise à capter une audience supplémentaire, plutôt que de voir les clips réalisés avec son nouveau modèle Sora 2 s’échanger sur d’autres réseaux sociaux – comme cela a été le cas après le lancement de son générateur d’image 4o. La start-up n’est pas la seule à croire au potentiel des créations d’IA: Meta vient de lancer une fonctionnalité similaire directement sur Instagram. Sora possède cependant un avantage de taille, permettant d’utiliser son visage ou celui de ses amis pour générer des vidéos. À plus long terme, si le succès est au rendez-vous, OpenAI pourra ouvrir sa plateforme aux marques, et ainsi capter une part du gigantesque marché publicitaire actuellement partagé entre TikTok et Instagram.

Pour aller plus loin:
– Nvidia va investir jusqu’à 100 milliards de dollars dans OpenAI
– Pourquoi OpenAI recrute la Française Fidji Simo pour épauler Sam Altman


| UN MESSAGE DE RAMIFY |

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Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.


| EN BREF |

Malgré des milliards investis dans l’IA, Meta navigue toujours à vue

Mark Zuckerberg l’assume: pas question de ralentir le rythme des investissements de Meta dans l’intelligence artificielle générative, quitte à dépenser beaucoup plus que nécessaire. “Si nous dépensons mal quelques centaines de milliards de dollars, ce sera évidemment très regrettable, explique-t-il dans un podcastMais le risque est plus grand d’avancer trop lentement dans ce qui va constituer la technologie la plus importante de l’histoire”. Derrière les grands discours, rappelant ceux qu’il a longtemps répétés sur le métaverse, se cache une réalité bien moins reluisante. Malgré des dizaines de milliards investis et une vague spectaculaire de recrutements, la maison mère de Facebook et Instagram navigue toujours à vue. Au point d’envisager un changement radical de stratégie: utiliser les modèles d’OpenAI ou de Google plutôt que de développer les siens.


En conflit ouvert avec Bruxelles, Apple réclame l’abrogation du DMA

La demande est inhabituelle, mais elle s’inscrit dans la logique de confrontation suivie par Apple depuis l’entrée en vigueur du Digital Markets Act européen l’an passé. La semaine dernière, le groupe à la pomme a réclamé l’abrogation de cette législation qui vise à renforcer la concurrence dans le numérique, dans le cadre d’une consultation publique ouverte par la Commission. Bruxelles a répondu sèchement, assurant qu’il n’était pas question de revenir en arrière. “Nous ne sommes pas surpris: Apple a contesté tous les éléments du DMA depuis son entrée en vigueur”, a réagi un porte-parole des Vingt-Sept. Cette nouvelle passe d’armes traduit une rupture du dialogue entre les deux camps. Elle intervient à un moment charnière, alors que plusieurs décisions clés doivent tomber. Et elle risque d’attiser des tensions géopolitiques déjà vives avec Washington.


Black Forest Labs, nouvelle attraction européenne de l’IA

C’est la nouvelle attraction européenne de l’intelligence artificielle générative. À peine un an après sa création, la start-up allemande Black Forest Labs finalise une levée de fonds majeure, d’un montant compris entre 200 et 300 millions de dollars, selon des informations du Financial Times et de Bloomberg. Sa valorisation pourrait être portée à quatre milliards, quatre fois plus que le montant évoqué précédemment. Encore méconnue du grand public, la start-up figure parmi les acteurs les plus avancés dans la génération d’images, aux côtés de Midjourney, Google ou OpenAI. Sa technologie est notamment utilisée par Grok, le chatbot de xAI, la start-up d’IA d’Elon Musk. Elle alimente aussi Vibes, la toute dernière fonctionnalité de Meta, qui permet de créer de courtes vidéos. Snapchat, Adobe et Canva font également partie de ses clients


Aux États-Unis, les géants de l’IA perdent une bataille contre la réglementation

Dans leur intense bataille de lobbying contre tout encadrement de l’intelligence artificielle générative, les géants du secteur viennent de subir un premier revers aux États-Unis. Mardi, la Californie est devenue le premier État à se doter d’un cadre réglementaire visant à limiter les risques liés au développement rapide de cette technologie. Celui-ci ne concerne que les concepteurs de modèles réalisant plus de 500 millions de dollars de chiffre d’affaires. Il leur impose de rendre public leurs protocoles de sécurité, intégrant les “meilleures pratiques” – y compris celles prévues par l’AI Act européen –, et de signaler aux autorités tout incident. En cas de manquement, des amendes sont prévues, mais leur montant est limité à un million de dollars. Le texte prévoit enfin une protection pour les lanceurs d’alerte qui révéleraient des risques “significatifs”.


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Crédit photos: OpenAI - Meta

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Par Jérôme Marin

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