Et aussi: Le subterfuge de Huawei – Gigantesque levée de fonds pour Waymo
Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.
Bonne lecture et bon week-end.
En novembre 2022, lors du lancement de ChatGPT, certains observateurs prédisaient déjà la mort de Google. Deux ans plus tard, le géant américain de la recherche en ligne souffre très peu de la concurrence du robot conversationnel conçu par OpenAI. Mais la menace s’est nettement accentuée jeudi, avec l’intégration d’une véritable fonctionnalité de recherche dans ChatGPT, capable d’aller trouver des informations sur Internet pour les combiner avec la puissance de l’intelligence artificielle générative. Et ainsi de remplacer les traditionnels liens ou petits extraits de sites Internet par des réponses plus complexes et détaillées. Une nouvelle expérience utilisateur qui pourrait remettre en cause la domination écrasante de Google, qui s’accapare plus de 90% des recherches traditionnelles, selon les estimations de StatCounter.
Alimenté par Bing – Baptisée ChatGPT Search, cette nouvelle option doit fournir des résultats en temps réel, basés sur des sources de confiance. Elle n’est pour le moment disponible que pour les abonnés payants. Mais OpenAI promet de la déployer, avec des restrictions, aux utilisateurs gratuits. Elle s’accompagne d’une refonte graphique pour mettre en avant les pages web utilisées comme sources. Et elle propose aussi des widgets pour afficher la météo, les résultats sportifs ou des cartes – comme le fait Google. Contrairement au groupe de Mountain View, la start-up n’a en revanche pas conçu son propre système d’indexation, se reposant sur Bing, le moteur de Microsoft. Elle s’appuie aussi sur un réseau de médias partenaires, avec lesquels elle a signé des accords commerciaux, comme Le Monde, le Wall Street Journal et le Financial Times.
Combler les lacunes – ChatGPT était déjà capable de trouver des informations sur Internet, mais avec des limitations. Contrairement aux tests menés cet été, OpenAI n’a pas opté pour un nouveau service, compétiteur direct de la start-up Perplexity AI. Mais a choisi d’intégrer cette fonctionnalité directement dans son chatbot. La société dirigée par Sam Altman réplique ainsi à Gemini, le rival de Google qui proposait déjà cette option. Elle comble aussi les lacunes de ChatGPT, afin de le transformer en alternative encore plus crédible au moteur vedette. Près de la moitié des Américains se disent intéressés par des recherches générées par l’IA. Mais ni Bing, ni Perplexity AI n’ont réussi à inquiéter Google. OpenAI dispose, elle, d’arguments beaucoup plus importants: ses 250 millions d’adeptes et son image de marque.
Inertie – L’impact sur Google pourrait cependant rester limité, au moins à court terme. Le groupe bénéficie de l’inertie des internautes, qui mettent du temps à adopter de nouveaux réflexes. Changer des habitudes bien ancrées nécessite, par ailleurs, une expérience “dix fois meilleure”, souligne Brian Nowak, de Morgan Stanley. Surtout, le Google n’est pas resté les bras croisés, prenant rapidement conscience du danger. Depuis le printemps, il commence à déployer, non sans péripéties, des réponses générées par son modèle Gemini au sein même de son moteur. Ce module, baptisé AI Overviews, est déjà disponible dans une centaine de pays – mais toujours pas dans l’Union européenne. Il permet à Google de proposer le meilleur des deux mondes: des résultats classiques et des résultats alimentés par l’IA.
Pour aller plus loin:
– Google ajoute des publicités dans les réponses générées par l’IA
– Pourquoi la fonctionnalité d’IA de Google multiplie les erreurs
Faut-il croire à une simple coïncidence ? La semaine dernière, Apple a indiqué que le lancement en Europe de ses nouvelles fonctionnalités d’intelligence artificielle, officiellement repoussé en raison de la réglementation, aura finalement lieu en avril. Une date qui correspond à la disponibilité du service en français, allemand, espagnol ou encore italien, les principales langues du continent. Le groupe à la pomme assure avoir trouvé une “solution” pour respecter le Digital Markets Act européen, une réglementation qui vise à renforcer la concurrence dans le numérique. Mais il pourrait aussi s’agir d’une opération de communication – réussie à en croire les réactions de certains adeptes de la marque –, pour prendre à témoin l’opinion publique contre ce texte qu’il n’a cessé de sévèrement critiquer. Tout en masquant son retard technologique.
Il y a tout juste un an, Aleph Alpha affichait de grandes ambitions. La start-up allemande, spécialisée dans l’intelligence artificielle générative, officialisait alors une importante levée de fonds, d’un montant record en Europe de 500 millions de dollars. De quoi, espéraient ses dirigeants, s’imposer comme une véritable alternative européenne aux géants américains du secteur, comme OpenAI et Google. Mais à peine douze mois plus tard, leurs illusions se sont fracassées sur la réalité financière. Distancée dans la course aux investissements, nécessaires pour louer de la puissance informatique dans le cloud, la jeune entreprise vient de renoncer à concevoir ses propres grands modèles de langage. Elle se contentera désormais de proposer un “système d’exploitation” permettant de piloter le déploiement de l’IA dans les entreprises.
Officiellement, l’Ascend 910B n’existe même pas. Cette carte graphique (GPU), conçue par Huawei et dédiée à l’intelligence artificielle générative, se retrouve pourtant au cœur d’un feuilleton qui met dans l’embarras aussi bien la Maison blanche que le fondeur taïwanais TSMC. Et qui illustre la difficile application des sanctions américaines contre le groupe de Shenzhen, devant les multiples stratagèmes qu’il a mis en place pour les contourner. En passant par un intermédiaire, il a en effet pu mettre la main sur des puces fabriquées par TSMC, pour les intégrer dans l’Ascend 910B, rapporte la presse américaine. De grands groupes chinois ont commandé des centaines de milliers d’exemplaires du GPU de Huawei, contournant ainsi les restrictions d’exportation de Washington qui limitent leur capacité à se fournir chez Nvidia, le leader du marché.
Quinze ans après les premiers kilomètres parcourus, les Google Car ne sont plus seulement un projet de recherche. Elles sont désormais au cœur d’un réseau de robots-taxis qui réalise 150.000 trajets payants par semaine aux États-Unis. Pour accélérer encore davantage – et peut-être anticiper l’arrivée de nouveaux concurrents, comme Tesla –, Waymo a officialisé fin octobre une gigantesque levée de fonds, d’un montant de 5,6 milliards de dollars. Cette somme s’ajoute aux près de six milliards déjà récoltés depuis 2020. Une partie est apportée par Google, qui s’est engagé cet été à réinjecter cinq milliards de plus dans sa filiale sur plusieurs années. Le reste vient de grands fonds d’investissement, permettant au moteur de recherche de ne pas assumer seul les coûts et les risques liés au développement des voitures autonomes.
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Crédit photos: OpenAI - Apple