OpenAI abandonne sa mission, Zuckerberg vs Bruxelles, pas de rebond pour la French Tech

Et aussi: Timide reprise des ventes de smartphones - Class action à haut risque contre Apple

Cafétech
4 min ⋅ 17/01/2025

Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.

Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

Google revendique une avancée "historique" dans l'informatique quantique

Le tarif pouvait sembler excessif. Mais il ne permet pas à OpenAI d’être rentable. Début janvier, son patron Sam Altman a reconnu perdre de l’argent sur la nouvelle offre d’abonnement à ChatGPT, pourtant commercialisée à 200 dollars par mois. Cet aveu symbolise les coûts exorbitants de l’intelligence artificielle générative – en particulier, l’absence de véritables économies d’échelle qui complique grandement l’équation financière. Surtout, il constitue aussi un moyen de justifier sa volonté de changer de structure juridique, abandonnant le statut d’entreprise à profits plafonnés, contrôlée par une organisation à but non lucratif. Ce projet a été officiellement annoncé fin décembre. La société dispose d’un délai de deux ans pour le mener, faute de quoi elle devra rembourser 6,6 milliards de dollars à ses investisseurs.

Profits pour Microsoft – Au départ, OpenAI est un laboratoire de recherche, soutenu par quelques grands noms de la Silicon Valley pour développer une IA devant bénéficier à l’humanité sans être dictée par une logique de profit. En 2019, devant la nécessité de trouver des fonds, une nouvelle entité juridique est cependant créée: une filiale à “but lucratif plafonné”, dans laquelle Microsoft a depuis injecté près de quatorze milliards de dollars. En contrepartie, OpenAI s’est engagé à lui reverser une grande partie de ses profits. Quasiment tout le reste doit revenir à la fondation caritative. Cette structure hybride, longtemps source de conflits internes, rend impossible l’arrivée d’autres investisseurs, qui n’ont aucun moyen de générer des plus-values. Et elle complique grandement une potentielle introduction en Bourse.

“Public benefit corporation” – Or, OpenAI a besoin de beaucoup d’argent. “Bien plus que nous ne l’avions imaginé”, assure-t-elle. Dans un premier temps, Sam Altman a réclamé des milliards supplémentaires à Microsoft, qui a refusé. Il a donc dû se tourner vers des fonds de capital-risque, leur promettant de devenir une “public benefit corporation”, une entreprise à but lucratif qui œuvre aussi pour le bien de la société. Ce statut, déjà adopté par Anthropic, lui permettra de ne pas totalement se renier. En effet, OpenAI n’aura pas pour unique obligation légale de maximiser la création de valeur pour ses actionnaires. Elle pourra continuer à “s’assurer que l’IA générale (une IA capable d’apprendre seule, NDLR) bénéficie à toute l’humanité”, comme l’écrit-elle encore dans sa mission d’entreprise, même si cela se traduit par des profits moins élevés.

Plainte de Musk – OpenAI promet aussi de donner une partie du capital à sa branche à but non lucratif, lui permettant de disposer de ressources importantes. Ce projet se heurte cependant à deux obstacles. Il nécessite d’abord de renégocier avec Microsoft. Les discussions sont en cours entre les deux partenaires, tous deux accompagnés par de grandes banques d’affaires, sur fond de relations détériorées. En jeu: le poids du groupe de Redmond dans le capital et dans la future gouvernance. Ensuite, une plainte a été déposée par Elon Musk, qui a financé en partie les premiers pas de la start-up avant de claquer la porte. Le milliardaire l’accuse d’une supercherie d’une “ampleur shakespearienne” pour obtenir de l’argent, tout en ayant dès le départ un objectif lucratif caché à long terme. Il est soutenu dans sa démarche par Meta.

Pour aller plus loin:
– Comment la course aux profits s’est imposée dans l’IA
– OpenAI anticipe cinq milliards de dollars de pertes


| EN BREF |

Mark Zuckerberg demande l'aide de Donald Trump contre les amendes européennes

Lancé dans une grossière opération de communication pour séduire Donald Trump et ses partisans, Mark Zuckerberg s’est rendu en fin de semaine dernière chez leur podcasteur préféré, le très controversé et très écouté Joe Rogan. Au cours d’un entretien fleuve, le patron de Meta s’est indigné contre la censure “digne de 1984” menée par l’administration Biden, notamment sur les vaccins anti-Covid. Il a appelé à insuffler de nouveau de “l’énergie masculine” au sein d’entreprises “castrées” par les politiques d’inclusion et de diversité – que sa société vient d’ailleurs d’interrompre. Et il a aussi laissé entrevoir une autre raison de sa nouvelle allégeance au futur président des États-Unis: l’espoir que celui-ci fasse pression sur l’Europe pour qu’elle arrête d’infliger des amendes aux groupes technologiques américains… dont Meta.


Pour la French Tech, l'année 2024 n'a pas été celle du rebond espéré

2024 n’aura pas été l’année du rebond pour les levées de fonds en France. Bien au contraire. Après une stabilité au premier semestre, le montant recueilli par les start-up auprès d’investisseurs est nettement reparti à la baisse sur les six mois suivants. La faute, selon EY, à la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée début juin. Et au climat d’incertitudes politiques qui perdure depuis. Sur l’ensemble de l’année, les levées de fonds affichent ainsi un repli de 7% selon le baromètre annuel d’EY. Elles avaient déjà chuté de 38% en 2023. Les plus optimistes voulaient alors seulement y voir un simple retour à la normale après deux années d’euphorie post-Covid, alors qualifiées d’anomalies. Ils comptaient sur la baisse des taux directeurs des banques centrales et sur la montée en puissance de l’intelligence artificielle générative.


Après deux ans de baisse, les ventes de smartphones rebondissent timidement

Le rebond est certes timide. Mais il met un terme à deux années de forte chute. L’an passé, les ventes de smartphones ont renoué avec la croissance, pour la deuxième fois seulement depuis 2017. Selon les estimations du cabinet Counterpoint, elles ont progressé de 4% dans le monde, portées notamment par les bonnes performances des marques chinoises. Cette reprise avait déjà commencé à se matérialiser au quatrième trimestre 2023. Elle s’explique principalement par l’amélioration de la conjoncture économique, aussi bien dans les pays occidentaux qu’en Chine, le premier marché mondial. Autre élément positif: la “premiumisation” se poursuit, avec une nouvelle hausse du prix de vente moyen. Les analystes prédisent que cette bonne dynamique va se poursuivre ces prochaines années, sans pour autant renouer avec les pics historiques.


Au Royaume-Uni, Apple affronte une première class action à haut risque

C’est un procès à haut risque pour Apple. Non seulement parce qu’il pourrait lui coûter jusqu’à 1,5 milliard de livres sterling (1,8 milliard d’euros). Mais aussi parce qu’une défaite pourrait faire jurisprudence et donner des idées à d’autres plaignants. À partir de lundi, le groupe à la pomme affronte une première action en nom collectif devant le tribunal britannique de la concurrence (CAT). Il est accusé d’avoir mis en place des pratiques anticoncurrentielles pour verrouiller le téléchargement d’applications sur son système iOS, lui permettant ainsi de prélever des commissions “excessives et injustes” au détriment des consommateurs. Des accusations “infondées”, rétorque la société, qui met en avant les mêmes arguments qui lui ont permis d’être relativement épargné jusque-là, en particulier devant la justice américaine.


| ET AUSSI |

>> Dans l'IA, Google et Microsoft changent de politique commerciale


Crédit photos: Unsplash / Rolf van Root - Meta

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Par Jérôme Marin

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