Les effets d'annonce d'OpenAI, Netflix augmente ses prix, TikTok en sursis

Et aussi: L'IA, nouvelle arme géopolitique - Une première pour Mistral AI

Cafétech
4 min ⋅ 24/01/2025

Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée.

Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

OpenAI et Softbank promettent d’investir 500 milliards de dollars dans l’IA

Les comparaisons n’ont pas tardé. Annoncé mardi à la Maison Blanche, le projet Stargate a suscité des parallèles avec le projet Manhattan (bombe atomique) et le programme Apollo (astronautes sur la lune). Celui-ci vise à investir 500 milliards de dollars pour construire aux États-Unis d’immenses centres de données dédiés à l’intelligence artificielle générative. Contrairement à ses prédécesseurs, il ne sera pas financé par de l’argent public, mais par des fonds privés – dont l’origine reste incertaine. Le projet sera mené par une coentreprise, principalement détenue par OpenAI et Softbank. Le créateur de ChatGPT sera responsable de la partie opérationnelle. Le conglomérat japonais de la gestion financière. Oracle et le fonds émirati MGX complètent le capital. Nvidia, Microsoft et Arm sont annoncés comme partenaires technologiques.

20 data centers – Stargate est l’aboutissement de plusieurs mois de rumeurs sur les ambitions de Sam Altman. Le patron d’OpenAI le répète régulièrement: le développement d’une IA générale, c’est-à-dire capable d’apprendre seule, nécessitera des investissements colossaux, se chiffrant en milliers de milliards de dollars. L’an passé, il a ainsi discuté avec de nombreux partenaires potentiels. Pour le moment, sa société entraîne et fait tourner ses modèles exclusivement sur le cloud Azure de Microsoft. Mais elle estime ne pas disposer de suffisamment de puissance de calcul. À l’automne, le site The Information révélait ainsi qu’un accord avait été conclu avec Oracle pour utiliser un data centers en construction au Texas. Celui-ci sera le premier du projet Stargate. D’ici à 2029, la coentreprise ambitionne de construire une vingtaine de sites.

“Ils n’ont pas l’argent” – Les quatre partenaires assurent pouvoir déployer 100 milliards de dollars “immédiatement”“Ils n’ont pas l’argent”, a immédiatement répliqué Elon Musk, désormais rival d’OpenAI. Une affirmation démentie par Sam Altman. Reste que le mystère demeure sur la capacité financière réelle de Stargate. Selon The Information, OpenAI et Softbank doivent contribuer à hauteur de 19 milliards de l’investissement initial. Si le groupe japonais dispose de cette somme, celle-ci représente les deux tiers de sa trésorerie. La start-up américaine, elle, n’a levé que 22 milliards de dollars, dont une grande partie a déjà financé ses lourdes pertes. Par ailleurs, plus de la moitié de l’enveloppe de 100 milliards doit provenir d’investisseurs extérieurs et d’endettement. Mais aucune précision n’a été apportée.

Effet d’annonce – Et il ne s’agit là que de la première tranche d’investissements. Le projet prévoit d’investir 400 milliards de plus en seulement quatre ans… Une partie de cet argent pourrait provenir de grands investisseurs du Moyen-Orient, comme le géant émirati G42, avec lequel Sam Altman aurait déjà discuté. Ou alors le fonds souverain saoudien, qui a déjà financé le Vision Fund de Softbank. Mais les États-Unis viennent de présenter une réglementation visant à limiter l’accès de ces deux pays à l’IA. Accepteront-ils qu’ils financent un investissement aussi stratégique ? L’annonce de mardi ressemble ainsi plus à un effet d’annonce qu’à une véritable feuille de route. Une annonce qui s’apparente aussi à un coup politique pour s’attirer les bonnes grâces de Donald Trump, qui se retrouve associé à un projet lancé… depuis plusieurs mois.

Pour aller plus loin:
– Les États-Unis veulent transformer les puces d’IA en arme géopolitique
– Pourquoi l’IA pousse les géants du cloud à s’intéresser au nucléaire


| EN BREF |

Pourquoi Netflix n'en finit plus d'augmenter ses prix

Les dirigeants de Netflix n’ont jamais caché qu’ils allaient continuer d’augmenter les prix. Mardi, en marge de résultats financiers record, la plateforme de streaming vidéo a officialisé une nouvelle hausse de ses tarifs. Pour le moment, seulement quatre pays sont concernés, dont les États-Unis, son plus gros marché. D’autres suivront très probablement dans les prochains mois, notamment la France, où la dernière augmentation remonte à l’automne 2023. Longtemps, Netflix a pourtant gardé ses prix inchangés, lui permettant d’attirer facilement de nouveaux adeptes. Les hausses s’enchaînent désormais à rythme régulier. En dix ans, les prix ont plus que doublé: 18 dollars par mois désormais pour l’abonnement standard, 25 dollars pour l’abonnement premium. Même l’offre avec publicité, lancée il y a moins de deux ans, prend un dollar.


Menacé d'interdiction, TikTok s'offre un sursis très précaire aux États-Unis

L’interruption n’aura duré que quelques heures. Dimanche après-midi, l’accès à TikTok a été rétabli aux États-Unis après un message de Donald Trump. Celui-ci avait été interrompu samedi soir, juste avant l’entrée en vigueur d’une loi interdisant l’application de courtes vidéos, faute d’avoir été cédée à temps par ByteDance, sa maison mère chinoise. Le nouveau locataire de la Maison Blanche, qui prend ses fonctions ce lundi, a promis de publier un décret accordant un délai supplémentaire. Et indiquant que le gouvernement ne poursuivrait pas en justice les entreprises permettant à la plateforme de fonctionner. Le retour de TikTok pourrait cependant n’être que de courte durée. En effet, le président américain ne possède pas l’autorité nécessaire pour suspendre l’application d’une loi votée par le Congrès américain par un simple décret.


Les "réfugiés" de TikTok attisent les convoitises

Inconnue il y a encore quelques jours, Xiaohongshu caracole en tête des applications les plus téléchargées aux États-Unis. Le réseau social chinois, qui opère en Occident sous le nom de RedNote, n’est pourtant disponible qu’en mandarin – et soumis à la censure de Pékin. Il attire les “réfugiés” de TikTok, à la recherche d’une alternative alors que l’application de courtes vidéos est menacée d’interdiction. Plus de deux millions d’entre eux ont rejoint la plateforme, qui vient d’ajouter une fonctionnalité permettant de traduire en anglais les messages publiés en chinois. Selon Wired, la société recrute aussi des influenceurs américains pour promouvoir son service. Au-delà d’un pied de nez aux autorités, cette nouvelle popularité pourrait rapidement s’estomper. Mais elle symbolise une opportunité en or que beaucoup souhaitent saisir.


Les États-Unis veulent transformer les puces d'IA en arme géopolitique

Elles sont le nouvel or noir. Et une nouvelle arme géopolitique pour les États-Unis. La semaine dernière, lors de ses derniers jours au pouvoir, l’administration Biden a accentué les restrictions d’exportation pour les puces dédiées à l’intelligence artificielle générative. Leur portée est sans précédent: elles ne visent plus seulement les pays ennemis, comme la Chine, ciblée depuis deux ans et demi par de sévères limitations. Elles imposent aussi des quotas à la majorité des pays, dont une partie de l’Union européenne, limitant potentiellement leur capacité à se doter de la puissance de calcul dont ils ont besoin. Et donnant à Washington un puissant moyen de pression diplomatique. À moins que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, change de cap, pour satisfaire Nvidia et Oracle, vent debout contre ces mesures.


| ET AUSSI |

>> Face à ChatGPT, Mistral AI signe un partenariat avec l'AFP

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Crédit photos: OpenAI - Unsplash / Charles Deluvio

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Par Jérôme Marin

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