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Par Jérôme Marin
29 mars · 3 mn à lire
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Ça se complique pour Apple, Bruxelles montre les muscles, Stability joue sa survie

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Tous les vendredis, l’édition hebdomadaire de Cafétech vous propose un tour d’horizon des principales actus tech de la semaine écoulée. Bonne lecture et bon week-end.


| GRAND ANGLE |

Les États-Unis s'attaquent au "pouvoir monopolistique" d'Apple

Il aura fallu cinq ans, et deux présidents, au département américain de la Justice (DOJ) pour concrétiser son enquête antitrust sur Apple. Jeudi, il a déposé plainte contre le concepteur de l’iPhone, l’accusant d’avoir mis en place des pratiques anticoncurrentielles sur le marché des smartphones. “Pendant des années, Apple a répondu aux menaces en imposant des règles contractuelles et restrictions”, assure ainsi Jonathan Kanter, responsable de la division antitrust du DOJ, déjà à la baguette de la procédure lancée l’an passé contre Google. Le groupe devra, très probablement, affronter un procès à haut risque. Au-delà d’une sanction financière, il pourrait se voir imposer d’importants changements pouvant se répercuter sur ses profits. Et aussi un démantèlement, même si les experts judiciaires estiment ce scénario hautement improbable.

L’App Store absent – Dans sa plainte, le gouvernement américain met en avant cinq comportements qu’il juge anticoncurrentiels. D’abord, Apple a entravé le développement de “super apps”, sur le modèle de WeChat. Il a également sévèrement limité les plateformes de cloud gaming (jeu vidéo sans installation). Ensuite, il ne permet pas l’envoi de SMS par des applications tierces, au profit de sa plateforme iMessage. Et il restreint volontairement la compatibilité entre son iPhone et les montres connectées des autres marques, donnant un avantage à la sienne, tout en empêchant les possesseurs d’une Apple Watch de l’utiliser avec un smartphone Android. Enfin, Apple n’ouvre pas l’accès à la puce NFC, accordant ainsi un monopole à sa solution de paiement mobile. À noter, que le DOJ ne se concentre pas sur l’App Store, au cœur du procès perdu par Epic Games.

“Pouvoir monopolistique” – La plainte du département de la Justice se distingue également de celle déposée par l’éditeur du jeu vidéo Fortnite sur la définition du marché, un élément capital dans les dossiers antitrust. Epic l’avait en effet limité aux iPhone, un argument rejeté par la juge chargée du dossier. Le DOJ considère bien l’ensemble du marché des smartphones, mais préfère parler en termes de recettes plutôt que d’unités vendues, ce qui lui permet d’attribuer une part de marché plus importante à Apple – 65% pour l’ensemble des smartphones, 70% pour les smartphones “performants”. C’est bien moins, par exemple, que les 97% que contrôlait Windows lors du procès antitrust contre Microsoft en 2001. Le gouvernement américain estime cependant qu’Apple dispose bien d’un “pouvoir monopolistique”.

Longue procédure – Pour le démontrer, le DOJ évoque les obstacles financiers et technologiques pour un possesseur d’iPhone basculant vers un appareil Android. Des obstacles qu’Apple a toujours cherché à renforcer. La tâche s’annonce cependant difficile. Les lois antitrust américaines sont en effet relativement favorables aux entreprises, car elles imposent de démontrer un préjudice pour les consommateurs. Dans sa réponse, Apple met ainsi en avant ses “technologies que les gens aiment”. La procédure devrait prendre des années: le procès de la plainte déposée en 2020 contre Google n’a eu lieu qu’à l’automne. Et le verdict n’est pas encore connu… avant un probable appel. En attendant, les murs de l’écosystème fermé d’Apple devraient continuer à se fissurer de plus en plus, sous la pression de ses opposants ou la contrainte des régulateurs.

Pour aller plus loin:
– Bruxelles inflige une lourde amende à Apple
– Aux États-Unis, Google affronte un procès historique


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